Les Indes fourbes
8.1
Les Indes fourbes

BD franco-belge de Alain Ayroles et Juanjo Guarnido (2019)

Quand la Renaissance part en road trip (sans GPS)

Avec Les Indes fourbes, Alain Ayroles et Juanjo Guarnido nous livrent un cocktail explosif de roublardise, d’aventures rocambolesques et de retournements de situation à donner le tournis. Imaginez un mix entre Kaamelott, Ocean’s Eleven et une leçon d’histoire où tout le monde triche : voilà le menu.


La bande dessinée nous invite à suivre le parcours de Pablos de Ségovie, un héros aussi fourbe qu’attachant, qui navigue dans le chaos du Nouveau Monde comme un poisson dans une mare de mensonges. Il survit à coups de tromperies, de coups foireux, et de chance insolente, dans un univers où tout le monde semble jouer un double jeu. Pablos, c’est un peu le gars qui vendrait des parapluies dans le désert, juste au cas où.


L’écriture d’Ayroles est un véritable festin littéraire. Les dialogues sont ciselés, les répliques claquent comme des duels verbaux, et l’intrigue multiplie les pirouettes. Chaque page est une démonstration d’intelligence narrative, avec une ironie qui ferait rougir les plus grands satiristes. L’histoire se moque autant des puissants que des misérables, et c’est ce cynisme jubilatoire qui rend l’aventure si addictive.


Graphiquement, Juanjo Guarnido envoie du lourd. Chaque case est une œuvre d’art, avec des décors somptueux, des personnages expressifs jusqu’au bout des sourcils, et une mise en scène qui donne envie d’encadrer chaque page. C’est lumineux, détaillé, vivant. On est transporté en plein cœur des colonies espagnoles, mais avec un réalisme qui donne presque envie de sentir l’air chaud et la poussière… si seulement l’odeur des trahisons n’était pas si forte.


Le seul bémol, peut-être, c’est l’aspect un peu surchargé. Entre les multiples rebondissements et les dialogues qui ne laissent pas une seconde de répit, on peut avoir besoin d’une pause pour reprendre son souffle. Mais bon, ce n’est pas tous les jours qu’on a droit à un tel festin.


En résumé, Les Indes fourbes, c’est une claque graphique et narrative, un bijou de malice qui nous rappelle que les plus grands explorateurs ne sont pas ceux qui découvrent des terres inconnues, mais ceux qui savent survivre avec une poignée de mensonges et un sourire en coin. Préparez-vous à rire, à être bluffé, et à vous demander pourquoi l’histoire officielle n’est jamais aussi drôle.

CinephageAiguise
8

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le 23 janv. 2025

Critique lue 52 fois

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