Ce western bien atypique se développe autour de malédictions frappant une région habitée par des charras (cowgirls), coups du sort qui marqueront l’histoire d’amour naissante entre Leonor et Isabel que tout devrait opposer. L’autrice décide de traiter d’une romance certes classique (à la Roméo et Juliette) en ayant l’idée originale de l’inclure dans un univers western fantastique et singulier. Ce monde est à la fois onirique et mystérieux où le malheur immuable arrive de manière aussi sèche que les plaines désertiques dépeintes dans les planches. En plus des deux héroïnes portées par un certain fatalisme, l’ensemble des protagonistes est exclusivement féminin. Le lecteur pourrait se prendre à imaginer que les créatures avides de sang qui déciment les terres de ses femmes vaillantes et autonomes pourraient être une représentation masculine envahissante. Jouant sur un certain suspense avec la signification de leur présence, la récit dévoile l’origine mystique de la communauté. D’ailleurs, le propos et l’atmosphère étrange devraient plutôt convenir à un public mature.
Portées par un trait noir graphique minimaliste mais très stylé, les séquences d’actions, romantiques ou fantastiques détonnent dans cette mise en page à la colorisation jaune unique. A la fois féministe et allégorique, Les maudites est une belle proposition pour peu que le lecteur accepte de se laisser porté par l’ambiance fantasmagorique de la BD.