Sur une idée un peu éculée (une femme convoque, dans des circonstances un peu particulières, tous ses ex à une réunion dans la région de leurs premières amours), Etienne Davodeau nous invite à une sorte de scénario à la française, assez classique dans beaucoup de films qui réunissent des familles dans une maison de campagne, vous voyez à quoi je fais référence, c'est un genre en soi chez nous. On pouvait craindre des poncifs assez rebattus, et ce récit n'en est pas exempt. Mais il réserve aussi quelques pas de côté assez bienvenus, comme la première nuit sur place, les fesses à l'air, du héros, que le courant a fait dériver loin de ses repères de jeunesse; la métaphore est assez parlante. Elles sont nombreuses, les métaphores, dans cette histoire où la Nature et la Loire prêtent leurs traits aux quêtes diverses des protagonistes. C'est à la fois un bon point et un point d'achoppement, parce qu'elles sont inégalement éloquentes. Je ne me suis pas précipitée sur ces réflexions sur la famille, la vie, la mort, les liens qui unissent ou se brisent... que reste-t-il de passionnant à dire sur ces sujets ? Par contre, je me suis promenée en amatrice dans les paysages de la jolie campagne française, traités de façon un peu sage (on ne se prend pas tous les jours les claques assénées par un Emmanuel Lepage en la matière...) mais poétique néanmoins. Bref, un récit mieux construit, à mon avis, que le précédent sur le nucléaire, mais pas non plus fulgurant même si tout à fait honnête. Je n'ai pas retrouvé la qualité des physionomies des premiers ouvrages de l'auteur, découverts il y a longtemps. Ou mon regard s'est affûté, je ne sais pas, et ça va mériter enquête approfondie...