Lone Wolf & Cub, littéralement Le Loup Solitaire et son Petit – également connu sous le nom de Baby Cart suite son adaptation en films – est un monument de la littérature manga, au même titre que Akira ou Berserk. La parution de la saga a débuté au Japon en septembre 1970 (dans l’hebdomadaire Manga Action), et en France à partir de 2003. La nouvelle édition Prestige condense l’ensemble de l’œuvre en 12 volumes aux éditions plomb (encore plus beaux et classe en noir, sans leur couverture carton), le genre de bouquins qui attirent l’œil dans une bibliothèque bien fournie.
Cette saga marque la première collaboration du scénariste Kazuo Koike et du dessinateur Gôseki Kojima. En 1970, Kojima est déjà un vétéran de l’industrie. Il s’est fait connaître en dessinant des affiches de cinéma, puis en travaillant dans l’univers des kamishibai (« théâtre de papier » pour enfant). Il devient mangaka à partir de 1957 rencontre rapidement le succès. Kazuo Koike au contraire, est un petit nouveau et cherche alors à se faire un nom. En 1970, il vient de quitter Saitô Pro où il travaillant pour les productions du studio de Golgo 13. Kazuo Koike est un touche-à-tout qui veut réussir : durant sa première année en tant qu’indépendant, il ne compte pas moins de 24 collaborations publiées, que ce soit dans les revues pour garçons, pour jeunes adultes, ainsi que pour jeunes filles. Un tour des genres spectaculaire, une boulimie que certains qualifieront de quantitative plus que qualitative. Au sein de ces premières parutions, Lone Wolf se démarque rapidement, le propulsant au sommet. Les deux comparses ayant gagné en notoriété grâce à cette saga, ils entament une collaboration qui va durer jusqu’en 1989, pas uniquement sur Le Loup Solitaire mais également sur d’autres parutions.
Lone Wold and Cub prend place dans le japon de l’ère Edo (1600 – 1867, Edo étant l’actuelle Tokyo), vers la fin du XVIIe siècle. Le pouvoir est alors aux mains du clan Tokugawa, qui assure une paix relative et la stabilité grâce à un système politique complexe où chaque daimyos, les seigneurs locaux, gouvernent leurs terres en partielle autonomie, tout en rendant des comptes à l’Empereur, le Shogun. C’est la grande ère des samouraïs !!
Ce premier tome n’est véritablement qu’une introduction (de 700 pages me direz-vous ! Oui, mais sur les 8000 que compte la série !) qui présente nos personnages. La vraie intrigue ne démarrera qu’au tome 2.
Ici, nous suivons Itto Ogami, rônin de son état (un samouraï sans maître), ancien Kogi kaishakunin, le bourreau officiel du Shogun. Ogami est aujourd’hui déchu de sa fonction et a perdu son prestige. En cause, un complot fomenté par le clan Yagzu, ses rivaux de longue date. Il vit désormais de peu de choses, vend ses services d’assassin contre de coquettes sommes d’argent, et a embrassé le plus pur bushido, le code éthique du samouraï. Il parcourt les routes comme mercenaire, accompagné de son jeune fils de 5 ans, Daigoro. Un garçon mutique mais intelligent, qu’il transporte dans un landeau. Avec ce premier tome, on trouve rapidement le rythme de croisière de la saga : un chapitre, un combat. Les contrats s’enchaînent, en respectant toujours un code de l’honneur strict, et la renommé du Loup Solitaire commence à croitre : il s’agirait de la plus fine lame du pays, à l’habileté inégalée.
Lone Wold and Cub est une saga qui sait prendre son temps. Ça fait parfois du bien de trouver de belles doubles pages sans dialogue, présentant des scènes très détaillées. Le manga est d’ailleurs à l’image du samouraï : épuré, peu loquace, avec juste ce qu’il faut de conversation pour être pris dans le récit. La puissance du dessin, tout en noir et blanc, est impressionnante ! Quel plaisir à lire !
La suite au tome 2 ici : https://www.senscritique.com/bd/lone_wolf_cub_edition_prestige_tome_2/critique/276410891