Après un premier tome aux airs d’introduction, qui nous présentait nos deux héros Ittô Ogami et son fils Daigorô, c’est véritablement avec ce second volume que l’intrigue commence !
On sait qu’Ittô est l’ancien Kogi Kaishakunin – l’exécuteur de l’empereur – mais qu’il a été injustement destitué de son noble titre. On sait également que père et fils vivent désormais en suivant le meifumadô (littéralement le chemin de l’enfer), la voie de l’assassin – on dirait aujourd’hui tueur à gage – où le samouraï poursuit sa quête sans considération pour sa propre vie, en se considérant en quelque sorte comme déjà mort. Qu’un rônin comme Ittô Ogami emprunte cette voie est une noble chose – qui impose le respect même à ses ennemis – mais que son fils Daigorô suive également cette voie questionne autant impressionne. Du haut de ses 5 ans, Daigorô a déjà la maturité d’un jeune adulte, il est calme, sérieux et mutique (les seuls mots qu’on l’entendra prononcer de toute la saga sont « ‘pa »).
Toujours sous l’impulsion du scénariste Kazuo Koike et de son comparse dessinateur Goseki Kojima, c’est avec ce tome 2 que nous en apprenons plus sur la nature de la vengeance du Loup Solitaire et son Petit. L’histoire commence !
L’origine de la quête du duo est révélée : il s’agit d’une vengeance contre le Clan Yagyû et en particulier son chef Retsudô, responsable de l’Ura-Yagyû, la police secrète du Shogun. Leur objectif n’est pas uniquement de tuer l’homme responsable de tous leurs malheurs, mais également d’anéantir le clan tout entier – l’un des plus importants du Japon féodal de l’ère Edo –, jusqu’au dernier homme. Suite à un vil complot politique pour gagner une place de choix au sein du pouvoir, Retsudô et ses sbires sont en effet non seulement responsables de la disgrâce d’Ittô, de son bannissement et de sa destitution, mais également de la mort de sa femme adorée, la mère de Daigorô.
Ce tome 2 reprend et continue le principe établi dans le tome 1 : un chapitre = 1 combat, sous forme de petites histoires autonomes, qui font avancer par petits pas la grande histoire du récit. Père et fils louent leurs services d’assassin pour la coquette somme de 500 ryō. Un pactole qui n’est pas évident à rassembler pour les clients : un ryō permettait d’acheter 4 koku de riz, c'est-à-dire du riz pour une personne pour quatre ans. Ces assassinats, toujours orchestrés avec brio dans la plus pure tradition Bushido, servent à financer la vengeance de nos héros. Dans le même temps, Retsudô envoie ses mercenaires à la poursuite de Loup Solitaire et de son petit pour les éliminer.
Pour qui ne connaît pas bien le Japon féodal du XVIIe siècle, Lone Wolf & Cub est une incroyable introduction aux pratiques de l’époque. Le récit de Kazuo Koike et Goseki Kojima est précis et ne fait pas de vulgarisation, si bien qu’il est parfois nécessaire de se reporter au glossaire bien fourni en fin de volume afin d’avoir certaines explications sur des termes techniques. Le plus impressionnant est qu’au fur et à mesure des tomes, ces termes nous deviennent familiers, et qu’après 8600 pages de saga, le lecteur est incollable sur l’organisation politique du Shogunat et les différentes positions au sein de la société.
Un dernier mot sur la qualité artistique du récit et des dessins : en noir et blanc dans un style toujours très épuré. C’est un vrai plaisir à lire et à parfois s’attarder sur tel ou tel détail. Sachez, pour ceux qui craindraient de s’engager dans un récit aussi conséquent, que malgré leurs 700 ou 800 pages respectifs, chaque tome se lit rapidement : le style est très graphique et les dialogues sont souvent minimalistes. Il n’est pas rare de rencontrer plusieurs doubles pages sans aucune conversation. Un pur régal !