Cet épais volume rejoint la série des anthologies Marvel autour chaque fois d’un personnage emblématique de la maison d’édition. Ici ce sont une douzaine de comics mettant en scène le furieux Deadpool, de sa première apparition dans un épisode de New Mutant de février 1991 jusqu’à son mariage en juin 2014, qui composent l’ouvrage en



une dizaine de courts récits.



Évidemment, un pavé indispensable à la découverte !


La qualité est hétéroclite. Le résultat, c’est qu’il y en a pour tous les goûts.
Niveau scénarii, la compilation est



malheureusement parfois source de frustrations :



dès le premier récit, les épisodes présentés étant extraits de séries du coup incomplètes, il est difficile de prendre plaisir et de s’immerger brusquement dans des récits déjà entamés et laissés sans fin. Pour autant, la densité de certains laisse trois ou quatre histoires se développer quasiment de bout en bout et sauve l’ensemble d’une déception affamante. End Of The Road, de Jimmy Palmiotti et Buddy Scalera, Symbiosis Mitosis de Fabian Nicieza et Reilly Brown, ou encore The Price is Right de Daniel Way célèbrent



la violence trangressive, l’absence de conscience morale



et le second degré inhérent à ces productions Marvel. Pour l’humour gras, débile et déluré, pour les bons mots désabusé et cyniques, signatures du antihéros, il faut absolument lire The Major Motion Picture de Duane Swierczynski, l’excellent et sombre Appetite for Destruction de Rick Reminder et le sympathique The Wedding of Deadpool de Brian Posehn et Gerry Duggan.


Côté graphisme, là c’est fête !
Entre graphismes rétro ou eighties et modernisme aux inspirations larges, du manga au cinématographe, avec



un plaisir toujours renouvelé du travestissement



propre aux superhéros et dans les jeux de crossover, le bouquin fait la part belle aux grandes époques du comics Marvel et déroule les procédés narratifs à l’envie autant que les talents bruts. J’ai été largement séduit par le travail de Georges Jeanty sur End Of The Road, de Patrick Zircher sur Sticky Situations, ou encore de Paco Medina sur Prelude to Deadpool Corps 4.
J’ai été impressionné par celui de Jerome Opeña sur Appetite for Destruction.


Belle, incertaine et agréable piste de découverte malgré les déséquilibres entre frustrations et plaisir, entre grosses surprises et petites déceptions, l’ouvrage offre quelques longues soirées de lecture aux rythmes variés et laisse, surtout, de sérieuses pistes pour s’en aller découvrir, au feeling, quelques-uns des auteurs et illustrateurs qui ont ici et là laissé leurs marques dans l’anthologie déjà dense du fameux Deadpool, chantre d’une désinvolture acide et acerbe,



entre folie destructrice et instinct fébrile de conservation.



Le rire est au rendez-vous autant qu’il se doit, sous toutes ses formes du jeu de mot stupide à l’ironie cinglante, et mention spéciale au cynisme pervers si juste de l’épisode Appetite for Destruction, qui joue sur tous les défauts la longue décadence de cet antihéros plutôt jeune et pourtant déjà culte.

Créée

le 11 août 2017

Critique lue 664 fois

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