Mashima HERO'S
5.3
Mashima HERO'S

Manga de Hiro Mashima (2020)

Vous vous êtes déjà demandé, vous, ce qu'il se passerait si vous mélangiez de l'anthrax à de la mort au rat avant de saupoudrer le tout avec du cyanure de potassium ? Hiro Mashima, lui, il se l’est déjà demandé. Ça le travaillait même tellement qu’il s’y sera essayé, à sa concoction démente, et en ayant en plus dans l’idée de vous mettre le tout bien au fond du gosier. L’issue de la dégustation, quand on y survit, fait effet de purgatif. Car en l’état, les belles œuvres de monsieur Mashima trouveront toujours le moyen d’être assimilées à des rendus intestinaux. Les mauvaises langues – mauvaises de trop avoir goûté à la cuisine Mashima – iront même jusqu’à établir que, de matières fécales, Hero’s en serait faite. À ceux-là, je peinerais à leur porter la contradiction, car, en superposant du lisier sur du fumure et en garnissant le tout de guano, vous ne pourrez décemment espérer obtenir autre chose qu’un immense tas de merde. Ça tombe bien, c’est justement ce qu’on m’a servi avec Mashima Hero’s, et c’est armé d’une petite cuillère que je m’en suis allé l’écoper une bouchée après l’autre. D’ailleurs, si quelques âmes émues par mon sacrifice désintéressé souhaitent me récompenser pour mon abnégation ainsi que pour mon sens du sacrifice, que ceux-là n’hésitent pas à agir en conséquence.


La bagatelle nous dure dix chapitres. Rien que dix chapitres. Ça n’avait l’air de rien, mais dirait-on à un marathonien qu’il reste encore cent mètres à parcourir après avoir franchi ce qu’il croyait être la ligne d’arrivée que celui-ci s’effondrerait en larmes. Hero’s, c’est le point final de cette relation malsaine et tumultueuse que j’entretenais avec Hiro Mashima ; la dernière œuvre de lui que je critiquerai. Sous réserve qu’il ne se compromette pas à nouveau avec une future nouvelle série. Car si mon expérience de vie m’a un jour enseigné un précepte invariable, c’est qu’en toute chose, le pire n’est jamais exclu.

Édit : Il a récidivé le corniaud. Y’a fallu, entre la rédaction et la parution de ma critique, qu’il recommence avec Dead Rock.

Aussi, je renonce ici solennellement à m’essayer aux multiples One Shot – pour la plupart excrétés depuis Fairy Tail – dont monsieur Mashima a cru bon de nous agonir. Quand je pense que cet homme-là a osé ternir Parasite de sa plume en s’essayant à un hommage bien malvenu adressé à Hitoshi Iwaaki. Hitoshi Iwaaki, un homme qui n’est pas mort mais dont le palpitant pourrait bien céder s’il venait un jour à lire cette déjection. Mais n’en parlons plus ; je n’y toucherai pas. Ni à celle-ci, ni aux multiples autres. Pas même à la suite de Fairy Tail dont j’ai finalement tout dit dans l’œuvre originale. Et par « originale » j’entends « première », car d’originalité, il n’en fut jamais question.


Hiro et moi, c’est une idylle qui prend fin. Un peu à la manière de celle qui unissait Jacqueline Mouraud à son mari jusqu’à ce que celle-ci se soit lassée d’une routine incommode. Cet auteur-là, je le quitte de l’avoir trop aimé. À ma manière. Avec un brin de sadisme, je l’admets, mais toujours avec bienveillance, cette même bienveillance dont font preuve ceux qui ressentent le besoin d’achever un mourant. Oui, Hiro Mashima est un perpétuel mourant sur le plan créatif, ce qui sort de son esprit n’est que fœtus sanglants et difformes qu’il croit pouvoir présenter comme une splendide naissance. Ah décidément, ça me manquera de l’écharper.


Comment mieux prouver que toutes ses œuvres étaient les mêmes alors que celles-ci, une fois amoncelées grossièrement les unes sur les autres dans un fatras de mauvais goût, n’offrent finalement aucun contenu disparate ? Hero’s, c’est trois calques du même dessin superposés les uns sur les autres. Il est permis de se mettre des œillères pour ne pas le remarquer, mais il faudra en sus se crever les yeux afin d’être bien certain de ne rien apercevoir. C’est en effet si criant qu’on l’entendrait presque en portant l’oreille contre le papier. Oui, Mashima Hero’s est un de ces mangas qu’on préférerait lire avec les oreilles pour ne surtout pas voir ce qui y est dessiné. Mais pourtant, il le faut.


Puisque cet adieu à Mashima est aussi l’apothéose venue enterrer l’ensemble des œuvres d’Hiro Mashima, et aussi parce que la plaie ne nous ouvrira le cœur et la cervelle que le temps de dix chapitres, je m’appesantirai cette fois sur le scénario - un bien grand mot dans le cas qui nous concerne -, quitte à devoir parfois m’arrêter sur chaque planche. Et arrêtons-nous sur la première, car elle prête à la contemplation. Lucy, de Fairy Tail, se couvre la poitrine de ses bras car la mascotte Kawai® lui a piqué son soutien-gorge. Il y en a, des auteurs, qui croient qu’il faut savoir écrire et surtout, savoir quoi écrire pour perpétrer un récit. Mais il y a aussi Hiro Mashima. De l’ecchi en toute première page ; c’est à croire que cet homme ressent le besoin compulsif d’incarner sa propre caricature en chaque occasion. L’auteur, ici comme dans toutes ses œuvres, se sera montré fidèle à lui-même comme sait le faire un criminel multi-récidiviste.


Natsu et sa bande – seulement le casting principal de Fairy Tail – sont sur une plage. Le pourquoi, le comment… on s’en fout ; Hiro Mashima le premier visiblement. Ils sont là, un point c’est tout. Ils se prélassent, puis Natsu s’en va se castagner gratuitement avec Shiki de Eden’s Zero pour une histoire de fruit – à peine inspiré des fruits du démon soit dit en passant, car le plagiat ne prend jamais de vacances sous la plume d’une crapule. Mais ils deviennent amis car… ont exactement la même personnalité. À croire que quelqu’un les aurait clonés. Quelqu’un de mal intentionné. Quelqu’un qui serait mangaka. Un homme dont le nom commencerait par « Hiro Mashim » et se terminerait par « a ».


Notez que je ne vise personne en particulier.


Comment les deux univers peuvent coexister ? Il faut croire qu’ils le peuvent puisque les personnages existent tous sur le même plan existentiel sans que ça ne soit expliqué. Et puis, il ne faut pas se demander comment, techniquement, une telle coexistence de trois univers supposés originaux et différents a été possible. Cela a été possible techniquement, puisque cela a eu lieu. Tel est le point de départ obligé de toute observation critique sur ce sujet.

Cet effroyable sujet.


Dès le deuxième chapitre, je ne savais trop si je devais louer la lucidité et l’honnêteté de Mashima ou bien le condamner à mort par contumace pour se foutre de ses lecteurs avec autant d’entrain. Shiki, lorsqu'il aperçoit Elza, s’exclame « Tu ressembles exactement à Elsie » avant de s’écrier « C’est un autre Happy que je vois ?! » quand il porte son regard sur Carla. À Elza d’ajouter ensuite « Est-ce que ces deux-là ne sont pas similaires ? » en parlant de Natsu et Shiki.

Aussi, voudrait-on me dire que je grossis le trait en prétendant que les personnages de Mashima sont littéralement calqués d’une œuvre à l’autre qu’on ne le pourrait pas…. car l’auteur l’admet lui-même avec le sourire. Pour un peu, ce serait même lui qui pourrait finir d’écrire cette critique. Ayant encore le souffle coupé d’avoir assisté à ses aveux, j’étais positivement ébahi par l’insolence et l’indolence avec laquelle il nous les rapportait. Hiro Mashima trouve encore le moyen de me surprendre dans notre vie de couple. Mais jamais agréablement. Jamais.


L’histoire n’a ni queue ni tête, il est question d’un pouvoir ayant trait à l’imagination – comme si Mashima savait ce que c’était – orchestré au milieu d’un paneling anarchique et mal découpé. L’antagoniste a littéralement le pouvoir de l’imagination, c’est-à-dire qu’il peut matérialiser tout ce qu’il est à même d’imaginer… mais ne parvient pourtant pas à tuer ses adversaires. Je crois que cet antagoniste – Genesis – est la manifestation inconsciente de Mashima généré dans sa propre œuvre, celle d’un vieux salaud lubrique sans aucune suite dans les idées dont la finalité de l’existence consiste à se couvrir d’or en faisant n’importe quoi. C’est à peine concevable, mais Mashima Hero’s trouve le moyen d’être une satyre particulièrement élaborée. Malgré elle, cela va sans dire.


Oui, j’ai bien écrit « lubrique » pour décrire ce personnage – que nous pourrions appeler Mashiman – qui, parmi ses premiers élans imaginatifs, fera pleuvoir des trésors scintillants, ce qui est très con, puisqu’avec le pouvoir de tout créer… on peut créer ce qu’il est possible d’acheter avec de l’or... mais passons. Tout cela, il l’accomplit avant d’agresser sexuellement deux jeunes filles en maillot de bain à l’aide de tentacules ; puis il se morfondra aussitôt sur son sort en gémissant « C’est sûrement pour ça qu’on me déteste tellement ». Non, y’a pas de doute, Genesis est bien la représentation de l’auteur dans son œuvre. Un véritable portrait parlé. Tout le potentiel créatif d’Hiro Mashima est résumé dans le seul personnage de Genesis et de ses méfaits. C’est à croire que cet homme-là – l’auteur, j’entends – a parfaitement conscience de ce qu’il est… et trouve le moyen de l’assumer sur le papier. Mais toujours avec le sourire, et sans même une once de remords.


De ce pouvoir de l’imagination, Tite Kubo aura su en faire un usage autrement plus inventif et exquis dans le dernier arc de Bleach. N’en espérez rien de semblable ici.

L’humour, comme d’habitude, cherche à être drôle. Les lecteurs dépités que nous sommes verrons bien qu’il essaye de nous faire rire, mais plus il s’acharnera et plus longtemps un visage de marbre restera sculpté sur notre mine. Ne pas être drôle à ce point-là, c’en est gênant. Au point même où on en viendrait à poser un diagnostic clinique tant cela est grave. Le pire de ce que Bobobo-bo-bo-bobo a pu engendrer – car il n’y avait pas que le meilleur à se mettre sous la dent hélas – c’est ici qu’il est compilé. En d’autres termes, l’humour de Hiro Mashima est fait des rebuts que même Yoshio Sawai ne voulait pas utiliser pour garnir son œuvre.


Mashiman/Genesis aurait pu tuer les personnages qu’il affronte par cent fois, mais il faut croire que son manque de jugeote est aussi considérable que son absence d’imagination. Le voilà qui part castagner les héros…. puis s’en va dans le « château de l’imagination », un amas de pierres informes établissant là encore l’étendue de l’imagination d’Hiro Mashima. Cet auteur est si carencé sur le plan créatif que le lecteur doit imaginer son imagination pour qu’elle puisse prendre forme. C’en est limite conceptuel quand on y réfléchit.


Combats sans idée, ecchi intempestif, dessins impersonnels, scénographie absente… sans surprise, la croisière Mashima vogue paisiblement jusqu’à son naufrage pré-indiqué. Où était-il indiqué ce naufrage me demanderez-vous ? Mais sur la première de couverture enfin, là où figurait le nom de son auteur, tout simplement.


Ironie involontaire de l’auteur ou nouvelle expression de son inconscient torturé : le pouvoir de l’imagination, contenu dans un cristal, est littéralement détruit par les trois protagonistes de Hiro Mashima. Je répète : « l’imagination » est littéralement détruite par le fruit immonde du mauvais goût personnifié ; toute la symbolique de la chose est si exquise qu’elle peut provoquer l’orgasme quand on la contemple. Je n’aurais pu rêver meilleure apothéose.


Bien sûr, tout ça ne pouvait pas se conclure sans que les personnages féminins des trois œuvres ne se soient toutes réunies dans un bain public pour se oindre les unes les autres. Je ne vois pas quel intérêt pourrait en retirer un pervers, tous les personnages se ressemblent et ne se distinguent les uns des autres en aucune façon. Faut avoir le fétichisme des clones et du mauvais goût pour en retirer du plaisir j’imagine.


Je ne regrette pas de finir ma relation avec Mashima sur cette œuvre. Le symbolisme dont elle est faite, le second degré de lecture qui se sera rédigé malgré son auteur, tout ça n’était que la preuve par quatre de la forfaiture créative incarnée que constitue Hiro Mashima. En lisant Hero’s, ce monstre d’auteur, je l’ai vu se suicider inconsciemment, acculé qu’il était après s’être vu dans le reflet des critiques qui lui étaient adressées. J’ai le sentiment de l’avoir terrassé, comme dans un de ces contes de fée – un de ceux qu’il n’a pas écrit – où le héros, triomphant, a occis la bête terrible qui semait chaos et désolation. Le monstre, enfin, est vaincu ; il ne reste plus qu’à aller de l’avant, là bas, vers cet horizon d’horreur qui n’en finit pas. Car avant d’expirer, la bête avait excrété une progéniture infecte venue s’abattre sur le monde en un essaim dévastateur. Il est de mon devoir alors, de partir vers l’horizon afin de terminer ce que j’ai commencé.


Générique de fin.

Josselin-B
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le 29 sept. 2023

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Josselin Bigaut

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