Enquête au stylo bille sur le sens caché des rêves. Pierre ajoutée à l'Histoire de l'art, plongée hallucinatoire dans l'inconscient familial. Le soin maniaque conféré à chaque rainure transcende le quotidien en illuminures. Bienvenue dans un monde ouvert sur les âmes, esprits, fantômes de chaque être. Avancée chamanique en terres hypersensibles. En les peignant comme des monstres, Emil Ferris révèle leur prodigieuse humanité. Chaque personnage, même simple passant, reçoit sa part d'attention, avec un sens de l'observation surnaturel.

Le dessin, c'est grâce à ça que je comprends les choses. C'est un chouette mot, "comprendre". Ça veut dire "prendre avec soi", comme si on emportait quelque chose. Et cette idée, ça me rappelle une histoire qu'Anka m'a racontée, "La Révélation de la grenouille". Un jour que Bouddha se promène, il fait une pause près d'une grenouille pour réfléchir un moment. Et la genouille, elle en sera changée à tout jamais, car sans le savoir, elle va emporter avec elle un peu des pensées de Bouddha. Eh bien, je crois que dessiner, c'est une façon d'être changé comme la grenouille l'a été. Je croyais avoir fait tous les passagers, mais voilà qu'une très jolie femme entre en dansant dans la rame! La dame a parcouru toute l'allée centrale (même après qu'on a demarré) avec des bonds et des pirouettes, gracieuse comme un cygne. Des fois, on entend des trucs méchants sur Chicago, mais ma ville, c'est un endroit fantastique où on peut recevoir un cadeau même quand on s'y attend le moins.

Ambition démiurgique de faire passer tout un quartier sous son stylo. Prendre chaque être comme un cadeau et le rendre au centuple par la grâce d'un destin. Détective philanthrope, artiste-justicière.

Juin 68. Souvenirs d'une époque de chants et de danse, de contestation hippie en pleine guerre du Vietnam. La ville vibrait de mouvements singuliers. Les morts renvoyaient au passé. La voisine au visage bleu, spectre sortie des camps, le rappelle : "Il y a des endroits dont on s'échappe, mais que jamais on ne quitte."

L'autrice paralysée à sa chaise de dessin suite à un accident, remonte le fil de son enquête patiemment, au gré de sa rééducation, pour révéler les vrais visages de ses monstres familiers. Dans les trous de son carnet à dessin, se logent les pupilles de troisième oeils. Dans les rêves, les récits, les rencontres impromptues, des indices. Et une seule certitude : l'amour indéfectible pour tous ceux qui l'entourent, du plus proche au plus lointain.

RaphaelKoster
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le 28 juil. 2025

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Raphael Koster

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