Le premier tome avait beaucoup fait parler de lui, il était impossible pour quiconque s'intéresse aux BD, d'ignorer son existence. Pourtant c'était pas génial, mais bizarrement tout le monde avait adoré. Par contre, pour cette suite, là je ne comprends pas, il est sorti dans l'indifférence générale, on en a à peine parlé dans les médias, c'est un peu par hasard que je suis tombé sur une pub, mais rien, pas d'articles, tout le monde s'en fiche, aussi bien les journalistes que ceux qui prétendaient que le premier tome était un chef d'oeuvre à la "Maus".
Avant de m'attaquer à cette suite, j'ai relu le premier tome qui m'avait déjà déçu un peu à l'époque mais qui m'a encore plus emmerdé à la relecture : c'était long, confus, mal rythmé, trop dense pour pas grand chose et ça faisait assez peu BD finalement, c'était plus des illustrations avec beaucoup de texte et les rares moments découpés étaient assez maladroits. Il semblerait que l'auteure ait lu des critiques car on dirait qu'elle a essayé de changer tout ça ici.
Et donc, c'est moins dense. C'est donc plus digeste et rapide à lire (5X plus rapide en ce qui me concerne). Je sais pas si c'est pour faire traîner, donc une stratégie économique, ou si c'est vraiment pour alléger le récit et le rendre plus digeste ; en tous cas, un autre problème en découle, l'auteure digresse tellement qu'en fait il faut attendre la moitié de l'album pour poursuivre l'intrigue du premier tome, avec Anka donc. De quoi se demander où sont passés tous les personnages précédemment présentés, car c'est à peine si on les voit ici, même une fois qu'on reprend l'intrigue.
La première moitié est assez superficiel, on brode, on tourne autour du pot. L'univers présenté est intéressant et j'ai l'impression que c'est ce qu'il y a de plus autobiographique dans ce roman graphique, mais ça reste anecdotique du fait qu'on est dans un récit noir et on se demande quand ça va reprendre. Quand ça reprend, c'est juste un peu mieux, parce que l'auteure va un peu vite, peine à développer les moments clés. Mais le pire reste la fin. Tout d'un coup on réintroduit le père, puis l'envie de vengeance alors que bon, c'est inattendu, et puis... ellipse. Et puis on retrouve l'héroïne blessée qui doit fuir la ville et là on nous annonce un tome 3 à venir. QUOI ? Aucune explication sérieusement ? et aucune conclusion. Et puis un événement qui se déroule qui n'a rien à voir avec la trame de base. On dirait juste un moyen hyper cheap de prolonger le récit pour le faire durer encore un ou deux albums. Déjà que le contenu correspond au tiers du contenu du premier tome...
En tous cas, moi ça ne me donne pas envie d'acheter le troisième tome. J'ai l'impression de me faire arnaquer... on verra si d'ici là j'oublie ce ressenti et si ma curiosité prend le dessus. Ou si je finis par apprécier cette série.
Niveau BD, ça l'est un peu plus. Des scènes un peu plus découpées, un peu plus narratives. C'est plus agréable, même si ça reste un sorte de découpage grossier et peu subtil. La qualité du dessin dans ces BD n'est pas top, mais mieux géré que dans le premier tome.
Par contre les illustrations sont vraiment canons, surtout que la dessinatrice semble avoir trouvé des bics de couleurs différentes, ce qui lui permet d'élargir sa palette graphique. En plus des fausses couvertures, elle propose davantage de représentations de peintures (à sa façon), et ça donne plutôt bien (par contre on se passerait du cours d'histoire de l'art).
La typo faite à la main par la traductrice est sympa ; le texte est beaucoup moins envahissant, moins dense, ce qui la lecture plus facile, moins prise de tête. L'on constatera que la taille du texte diffère d'une page à l'autre et donc quand c'est écrit en vraiment très grand, la page est vraiment très très facile à lire. Par contre les phylactères sont pas toujours bien dessinés ou bien placés.
Bref, ce tome 2 est mieux dans le sens où il se lit plus facilement, les illustrations sont superbes, le texte est moins envahissant ; mais il est moins bien dans le sens où il se passe moins de chose et on a l'impression que l'auteure et/ou l'éditeur veut exploiter cette BD autant que possible ; enfin, c'est dans la continuité dans le sens où au final, ça ne raconte pas grand chose et on s'emmerde un peu.