Juste "un point minuscule dans l’horizon d’un univers parallèle" ?


C’est une lecture portative transcendant l'existence. la nôtre et celle d’un humanoïde au quotidien burlesque, il raconte ses frustrations, ses doutes, mais surtout son rapport à l’Autre.


Le personnage principal est un homme de société. Ô combien révolté. Il incarne un contre-pied au quotidien. Il hait les autorités qui l’entravent. Il écrase un policier en voiture, insulte son psychiatre.

Encore un personnage comique simple ? En réalité, au fil des pages, se dessine un personnage complexe, chargé en caractère philosophique.


Il s’agit d’un être apologue du *Dasein*, "être-là" en allemand. Un précepte philosophique heideggérien. Qui fait montre d’un corps lâché au gré de sa conscience, conscient d’être lui. Ensuite repris par Sartre, qui le pousse loin : "l’homme est condamné à être libre."

Se profile dès lors le vertige. Celui de l’air respiré, du deuxième croc dans la pomme. Cette liberté lui convient, il en profite pour frivoler avec la femme de son psychiatre et faire tout plein de bêtises de la sorte. C’est tourné en dérision : tout est sujet au rire.


Et la forme ?

Comme le grand austère Beckett : la mise en page. Mise en garde ou prise d’otage, répétée frénétiquement : 20 cases par page. Un verset déclamé. Dans une messe de l’absurde. Le cadrage est presque carcéral, enfermant dans une portée déictique.

La surcharge graphique substitue le vertige. On trouve dans ces cases toujours la même composition : un même personnage, seul. Toujours seul.

Ce qui aurait pu être un assemblage de redites esthétiques ou une fainéantise de l’auteur m’apparaît davantage comme un Alan Moore sur la cime de son arbre disant : "regardez".


Concluons

C’est une odyssée burlesque, absurde et pourtant finement exécutée. Dans un monde fou, il suffit de continuer. "Parce que c’est comme ça."

Et finalement, le personnage, il faut le voir comme un Sisyphe heureux.


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le 31 août 2025

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