(À lire avec ce banger dans les oreilles.)


Ce doit être un effet du temps qui passe : c’est la première fois qu’en lisant un tome d’Inio Asano j’ai l’impression que l’auteur a pioché à droite et à gauche dans ses œuvres précédentes (Errance, Inio Asano Anthology, DDDD…) tout en y ajoutant quelques considérations nouvelles sur la vie dans une société occidentale un poil plus à avancée que la nôtre. Il en ressort qu’après La fille de la plage, ce sera peut-être son titre qui divisera le plus les lecteurs.


L’auteur poursuit sa réflexion sur les futurs possibles : que faire face au vieillissement démographique ? Comment réguler la population ? Dans un cadre qui ferait frémir les libéraux pur jus, on voit émerger les Mujinas : des personnes qui n’ont aucun droit et peuvent donc être arrêtés, éliminés sans autre forme de procès. Certains sont devenus tueurs à gage et gagnent donc leur croûte en remplissant des missions à coups de katanas (Asano n’est pas encore Samura dans la mise en scène des bastons), avec des chaussures bondissantes (le fantasme des personnes qui ont acheté les premières Air Max) et des mini-shorts si ce sont des filles (avec des cadrages qui mettent bien en valeur leur c*l). Bref, l’Asano critique et/ou voyeur est bien là, pour le plus grand plaisir de ses détracteurs et fans.


Outre ce cadre (macro) général, le récit s’organise autour des (micro-)interactions entre personnages où l’on voit se (re)jouer les rapports entre générations, le monde du travail dans une industrie culturelle, des liens familiaux rarement paisibles, l’omniprésence des réseaux sociaux et des objets connectés, le côté obscur du showbizz et des fugues avec quelques twists bien sentis. Asano n’a pas (encore) perdu la main et parvient à susciter ce qu’il faut chez le lecteur pour donner envie de connaître la suite.


Graphiquement, Asano continue de "croquer" ses personnages avec une patte que l'on reconnaît facilement et qui permet de repérer rapidement qui est important pour le récit et qui ne l'est pas, qui appartient à la catégorie des personnages principaux et qui n'est que figurant, qui sont les "bons" et les "méchants" (même si, comme souvent, l'intrigue remettra sans doute en question cette frontière). Sa maîtrise des logiciels 3D semble avoir progressé de nouveau au vu des environnements urbains, intérieurs qu'il nous propose.


Du côté de l’édition française on note quelques passages ou un autre agencement des mots sonnerait mieux en français. Et regretter les choix opérés pour la jaquette : pourquoi placer le dessin exclusif de l’auteur sur le rabat de la jaquette ? C’est un vrai tue-l’amour par rapport à la jaquette de la version espagnole et qui ne permet pas de pleinement profiter du dessin. Un vrai shikishi était inenvisageable ? De quoi ternir la note finale attribuée à ce premier volume.

Anvil
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