Pour que cette critique puisse exprimer correctement le pâle reflet mon ressenti, il faudrait tout d'abord que je réécrive toutes mes critiques précédentes, que je les expurge de toutes mes hyperboles creuses, mes envolées lyriques pleines d'esbroufe et de vacuité.


Ensuite il faudrait que j'invente un nouveau vocabulaire, apte à frôler une bride de retranscription de mon ressenti à la lecture de ce manga signé Miyazaki San. Le maitre parmi les maitres.


Les pages du dernier tome sont encore chaudes, mon corps est submergé de vagues de frissons inassouvis, tandis que des profondeurs de mon thorax jusqu'au creux de ma gorge un sentiment de béatitude subjuguée m'étreint. L'âme sereine, éblouie, je tente par ces lignes de faire survivre en moi ce qui déjà n'est plus qu'un pâle reliquat de ce miracle.


J'ose le dire, ce manga réunit à lui seul tout l'art d'Hayao Miyazaki, le transcende, le surpasse. Ses films ne sont que des brèves étincelles chatoyantes échappées de l'astre incandescent de son talent.


Nausicaa de la vallée du vent, manga dont la publication s'est étalée sur plus d'une décennie, interrompue par les différents films d'animation Ghibli pris en main par Miyazaki (Dont son film éponyme, adaptation simplifiée des 2 premiers volumes), nous narre l'histoire d'un monde rongé par la pollution et la guerre. Son héroïne, jeune femme forte et empreinte de bonté comme toujours, se débat dans cet univers crépusculaire pour réconcilier toutes les forces de la Terre et peut être permettre à l'humanité de survivre...


En deux soirées, 1100 pages ont défilé sous mes yeux. Le dessin est tout simplement à couper le souffle, je me surprenais régulièrement à me pencher inconsciemment jusqu'à vouloir pénétrer ces fresques grouillantes de détail, de mouvement. L'animation n'atteindra jamais une telle texture, une telle véracité dans le trait. J'étais tout simplement en transe. Une vraie transe, une transe qui vous laisse assommé, comateux quand elle s'achève, bercé d'une plénitude immaculée.


L'histoire, riche et tortueuse, véhiculant une synthèse de toute la pensée artistique, philosophique, mystique d'Hayao Miyazaki, vous emporte et ne vous lâche plus. Il ne s'agit pas d'une intrigue haletante ou d'un long discours imagé. Imaginez plutôt une succession de portes en enfilade, chacune s'ouvrant sur des contes en tableaux tous plus beaux les uns que les autres, avec en leur centre des personnages, épiques, pathétiques, émouvants, sages, ésotériques, fous... Ôma...


Le tout forme une mosaïque qui ne se révèle que dans les toutes dernières pages, tourbillonnantes, au dessein mystérieux et évident.


Nausicaä de la vallée du vent est un prodige. Le réceptacle de tout le génie du maitre de l'imaginaire, capable de venir faire palpiter en vous des émotions jusqu'alors inconnues.


Vous avez vu les films de Miyazaki ? Vous n'avez encore rien vu...


Critique du film.

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le 29 août 2011

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Hypérion

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