Viols et outrages
J'ai toujours apprécié l'art D'Alan Moore sans réellement me concentrer sur tous les thèmes qu'il rebat dans ses oeuvres; notamment celui du viol, que je n'avais pas pris en compte lorsque, plus...
Par
le 21 sept. 2016
7 j'aime
5
J'ai découvert le mythe de Cthulhu quand j'étais adolescent. J'ai immédiatement été fasciné par son coté désespéré et par cette horreur cosmique indescriptible parce qu'échappant à nos sens humains.
j'ai découvert l'univers d'Alan Moore dans la même période. Et plus de 15 ans après, je relis encore régulièrement Watchmen, qui est toujours la meilleure BD jamais écrite.
Autant dire que quand un ami m'a offert cette BD qui est la croisée de ces deux univers, j'étais particulièrement enthousiaste.
La BD commence avec une première courte histoire décrivant l'enquête d'un policier sur un étrange culte. Et cette première histoire est exactement ce que j'attendais de la collision de ces deux univers, bien qu'elle reste dans des canons "classiques" du récit lovecraftien. Une très bonne surprise donc, et je me lance dans la seconde, celle qui donne son nom à l'œuvre.
Et là...
Ben là tout bascule. Moore a toujours été misogyne (en même temps Lovecraft et les droits des femmes, des noirs, des handicapés, des étrangers,...) et a toujours adoré torturer ses personnages féminins, avec un recours assez systématique au viol, souvent suggéré plus qu'affiché (The Killing Joke, Watchmen) pour en démultiplier l'impact horrifique.
Alors imaginez le même bonhomme, cette fois ci totalement décomplexé qui décide d'afficher ses rêves humides de hentaï en long en large et en travers.
Ah au fait, les spoilers ne sont pas là pour éviter de spoiler cette BD, chose dont je n'ai clairement rien a foutre, mais pour éviter d'éventer des éléments capitaux d'œuvres de Lovecraft ou de Moore autrement plus recommandables
une bonne moitié de cette deuxième histoire est intégralement dédié à cela : un viol continu, mais comme c'est par un profond, créature du Mythe, alors c'est du Lovecraft.
Intégrer de la sexualité à l'univers de Cthulhu n'est en soi pas une mauvaise idée et plusieurs nouvelles postérieures à Lovecraft ont déjà abordé la chose.
Lovecraft lui-même l'abordant du bout des ongles à certaines occasions (l'Abomination du Dunwich par exemple), mais à la manière du coincé presque asexuel qu'il était
Mais transformer cette univers aux limites de la compréhension humaine en exutoire de ses pulsions sexuelles tout ce qu'il y a de plus basique relève bien plus de la trahison que de l'hommage.
en gros : moi Profond, moi vouloir mettre kiki dans kekette même si kekette pas d'accord, moi vouloir faire enfant...
Autant pour la créature inquiétante qui pouvait se tapir au fond de chacun de nous, noyautant les sociétés humaines pour les amener vers leur perte.
Quand en plus cette trahison ne sert qu'à étaler des pages uniquement dédiées à du sexe crade...
Ca indique juste que Moore n'en a plus rien à foutre du mythe de Cthulhu qui a pourtant irrigué une partie de son œuvre, de Swamp Thing
jusqu'à la créature finale de Watchmen,
et que cela ne sert que de prétexte à une fanfic dans le pire sens du terme
parce que des fanfic sur le mythe, il en existe des excellentes. Le recueil HPL 2007 des éditions Malpertuis en compile certaines de très bonne facture
Le Mythe de Cthulhu était dérageant, terrifiant, parce qu'il était au delà de notre compréhension humaine ?
pas de problème, on remplace ça par du crade assez difficile à supporter à la lecture, sans rien derrière.
On ne dérange plus, on choque.
On ne terrifie plus, on écœure.
On ne laisse plus dans l'incompréhension, on laisse dans le dégout.
C'est plus facile en même temps. Et puis il y aura bien un ou deux pervers qui vont trouver ça émoustillant.
A fuir en courant si vous vous revendiquez fan de Lovecraft. Ou de Moore. Ou juste amateur de BD. Ou juste amateur de fictions.
Par contre, trouver une version ne contenant que la première histoire permet au moins d'avoir une BD lovecraftienne solide.
Créée
le 31 mai 2018
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