« Ta mère c’est une usine !! » Ce n’est pas une punchline extraite d’un épisode de l’émission Yo Momma mais un propos tenu dans l’une des histoires courtes de New National Kid. Pourquoi le personnage s’adresse-t-il ainsi au garçon avec qui il partage l’ascenseur ? On avait dit « pas les mamans » ? Avec Suehiro Maruo il faut être prêt à tout.
Les récits courts compilés ici ont été réalisés entre 1984 et 1989. Certains sont parus dans Garo (si tu as lu l’ouvrage de Claude Leblanc tu sais que c’est un signe de qualité). La couverture donne le ton de l’intérieur du volume : des jeunes gens qui se chamaillent. On pourrait presque trouver cela bon enfant si ce n’est qu’ils sont sur une moto (sans casque !) et que l’une a un tournevis en main (pour réparer quelque chose ?) et l’autre un flingue qu’il place dans la bouche de la fille. Gun porn à venir ? Je ne vous en dirai pas plus.
Les récits brassent de multiples thématiques et ce serait faire injure à Romain Slocombe (auteur de la préface) que de les résumer car il le fait très bien. Sa préface confère, du reste, une vraie valeur ajoutée à l’ouvrage - d’autres préfaciers pourraient s’en inspirer. Avec Maruo il y en aura pour tous les goûts et les dégoûts. Un ouvrage qui n’est pas pour les enfants même si ces derniers sont de la partie, entre proies d’adultes malveillants, victimes d’autres jeunes ou refusant de sortir de leur mère pour enfin naître (une version extrême de Tanguy ?)…
Naviguant entre Japon post-1945, Seconde Guerre mondiale (revisitée), IIIe Reich, rues + ou - désertes, domiciles peu fréquentables et environnement scolaire, Maruo déploie ses talents de conteur sournois, sans toujours se préoccuper de la cohérence du récit mais sans trahir les références qui ont pu nourrir son esprit. Romain Slocombe y voit là le summum du travail de Maruo. Le signe que pour faire une œuvre marquante il n’y a pas forcément besoin d’un récit s’étalant sur un ou plusieurs tomes. Concentrer pour (tout) exploser.