Les Sur-Hommes part.2 : Le fragile équilibre des pouvoirs
Faut-il laisser le pouvoir au charisme et à la force brute plutôt qu'à l'intelligence et à la sagesse ?
C'est la question que semble poser Warren Ellis tout au long de No Hero, seconde partie de son triptyque sur les surhommes.
Si dans son prédécesseur, Black Summer, Ellis se concentrait sur les conséquences américaines de son récit, il élargi dans No Hero le cadre narratif à l'échelle de la politique internationale. Par ce procédé, il se donne les moyens d'approfondir et de généraliser sa réflexion autour de la volonté de contrôle et de pouvoir de nos sociétés modernes.
Dans ce récit, l'auteur dépeint une situation géopolitique surveillée d'une main de fer par un groupe de surhommes (la saga Authority est passée par là). L'auteur Britannique décide de laisser le lecteur se faire son propre avis sur ces individus en installant un flou narratif dès le départ puis en le dispersant au fur et à mesure que l'intrigue se dessine. Finalement, il faudra attendre les deux dernières planches du récit pour voir enfin là où Ellis voulait nous emmener :
À l'instar de Black Summer, No Heroe impose un constat accablant qui dynamite aussi bien les visions manichéennes du monde actuel que le mythe des super-héros.
Dommage que l'intrigue soit aussi maigrichonne : comme d'habitude avec Warren Ellis, on est à peine dedans que la fin arrive déjà et on a finalement juste l'impression de ne pas avoir lu grand chose.
Forte heureusement, le travail de Juan Jose Ryp au dessin est toujours aussi jouissif et maitrisé tandis qu'avec cet album, Warren Ellis parvient plus intelligemment à rapprocher notre réalité de celle des comics-book.
Malgré la frustration d'une histoire trop courte en demie-teinte, on ressent donc comme un petit plaisir coupable à voir ces deux compères déchiqueter et exploser tous les codes en vigueur.