Hergé, champion des préliminaires.

Dès l'introduction, avec ses mystérieux hommes de main, dont on ne sait quoi penser, on est pris dans cette aventure si spéciale de Tintin et surtout de Tournesol et Haddock, qui sont, pour notre bonheur, omniprésents dans "Objectif lune".
Après 7 planches intrigantes et un génial petit clin d’œil aux mésaventures du capitaine avec les lamas, on arrive enfin au centre de recherche.
La précision scientifique dont fait preuve l'auteur, alliée à un sens parfait du rythme, Hergé alternant parfaitement scènes sérieuses et cocasses, remisent définitivement tout ennui au placard, ce qui n’était pas le cas de certains précédents albums.
Le travail conséquent de documentation qu'il a fallu pour rendre crédible cette aventure scientifique transpire au travers des textes explicatifs très chiadés et des détails techniques dans le dessin, ainsi, on a droit a de très grandes planches, venant souligner le gigantisme des constructions, et par la même, de l'entreprise en cours, qui, à cette époque, relève encore du phantasme, ce qui ajoute au caractère inspiré de l’œuvre.
Difficile de passer sous silence la scène du "zouave", qui vaut à elle seule la lecture de ce tome, en 7 planches, on y voit un Tournesol comme jamais, homme décidé que rien n'arrête, tout absorbé à son projet, le plus grand de sa vie, venant déconcerter notre capitaine Haddock comme cela arrivera peu, une astuce remarquable de Hergé afin de nous présenter la fameuse fusée et ses installations sans que cela ne viennent alourdir le récit par un trop plein d'explications sans autre but, du grand art.

L'équilibre quasi parfait dans tous les domaines fait de cet album (et de sa suite), un de mes albums préférés, dans lequel, je replonge régulièrement depuis plus de trente ans.