Deuxième épisode du diptyque lunaire, On a marché sur la lune poursuit dans la même veine que le premier. Les Dupont et Dupond parviennent à s'immiscer partout, même là où l'on ne les attends pas. Ils ne seront d'ailleurs pas de trop dans cette mission de tout les dangers, sans nul doute la plus périlleuse de la série. L'expédition représente elle-même un défi de taille mais ce ne sera pas la seule chose dont devront s'inquiéter nos compères qui auront également à faire au retour d'un ancien méchant.

Ce tome reprend les fondamentaux d'Objectif lune : cours de physique et de géographie, avalanche de péripéties soutenues avec humour, suspens et dénouement heureux. Un peu comme tout les albums, quoi. A cette différence près que cette aventure-ci se déroule ailleurs. Non pas dans divers lieux exotiques mais bien dans le grand inconnu qu'est l'univers. Ce point de détail exacerbe l'imagination des lecteurs qui étanchent leur soif de curiosité au travers de paysages sublimes et tellement réalistes qu'on est littéralement arraché à notre fauteuil / lit / chaise et projetés dans les étoiles.

Les incohérences et plagiats parsèment l'album mais ne viennent en rien gâcher la joie que nous procure un juron de l'inénarrable Haddock ou une divagation de Tournesol. Même si l'un est particulièrement chiant (Tintin va même être amené à le sermonner après une cuite de trop !) et l'autre a des tendances suicidaires, on sent bien qu'ils sont les satellites de Tintin.

Car en vérité, Tintin n'est Tintin que parce qu'il y a Haddock, Tournesol, Milou et les autres. Il est un miroir dans lequel se reflète les angoisses des uns, les rêves des autres ; il affronte ses peurs avec les premiers et puise le courage de les vaincre dans les seconds. Tintin n'est personne, c'est pour ça qu'il est tout le monde. Il n'a pas de caractère propre, d'âge déterminé, de passé, il est atemporel et omnipotent : il incarne le héro parfait sur lequel Hergé a calqué ses doutes, ses peurs, ses peines mais aussi ses espoirs, son impavidité et ses joies. Vecteur des émotions de l'auteur, il ira trainer sa solitude aux quatre coins du monde puis sur une autre planète pour enfin déclarer haut et fort que rien ne vaut notre bonne vieille terre ; et comment le désapprouver, lui qui nous l'a fait découvrir dans les grandes largeurs ? On a marché sur la Lune est une déclaration d'amour d'Hergé à la Terre. A mon tour je le remercie de me l'avoir fait découvrir sous un nouveau jour.

En route pour l'Affaire Tournesol !
BoldBoy
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le 14 févr. 2014

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