Bon, on va pas se le cacher : en tant que nouveau père, voire une bd qui raconte les véritables anecdotes de Fabrice Defontaines avec ses enfants, m'a attiré. Si on est sur une démarche qui n'a rien d'original, (après tout c'est le principe de la saga du Guide du Mauvais Père de Guy Delisle) les réflexions d'enfants c'est toujours touchant.Et puis, surtout, je me suis un peu projeté dans Fabrice Defontaines : celle d'un papa très aimant qui n'a pas peur d'être affectueux, qui a eu ses gosses au tournant de la quarantaine.
Du coup, c'est très tendre et surtout, les petites réflexions des enfants, souvent dans un gag en une page font mouches : entre celui qui pleure parce que son frère est "plus sage que lui", celui qui est content parce qu'il a la "même couche que Batman" ou celui qui hurle "VOUS ETES LE PIRES PARENTS DU MONDE.... sauf maman." Et surtout ils parlent beaucoup de la mort, le concept étant particulièrement nouveau et bizarre pour eux : "mon papa, il a 46 ans, il est presque mort."
Et petit à petit, la bd part sur un second récit, qui raconte l'expérience de divination qu'il a eu lors de la mort de sa grand mère et les expériences de celui-ci avec différentes voyantes qui disent voir sa grand mère décédée. Lui, assez carthésien, découvre des faits qui le trouble dans ce que lui dit une voyante (il montre aussi une voyante chez qui ça se passe mal et lui raconte n'importe quoi.) Celui-ci s'intéresse aussi à la décorporation et aux exercices
Et c'est pas mal. Ça rappelle un peu ce qu'avait tenté Kek dans Peut-être : le témoignage d'expériences hors normes. Et il me rappelle un truc agaçant chez certains athée : à force d'affirmer que les croyant ou les clients des voyants sont des gens très crédules, ils ont tendance à les caricaturer en imbécile. Or, il arrive des fois que des gens bien documentés, assez cartésiens, ont des témoignages impressionnants et avouent leur impuissance à expliquer certains phénomènes.
Au final, si j'avoue que j'ai préféré le côté "brève de gosses" j'aime bien aussi la tournure que prend la bd, notamment tout le côté "passage à témoin" où Defontaines se retrouve ému que ses enfants fassent perdurer la mémoire d'une grand mère qu'ils n'ont jamais connue et sont très intéressé d'aller voir sa tombe.
Je me demandais ce que l'auteur avait fait avant, et je trouvais que son dessin me rappelait le trait d'André Geert (Jojo) mais avec un côté plus crayonné et basique presque proche de Sempé. Or, il s'avère que l'auteur n'est autre que Fabrice Tarrin sous un autre nom.
Et du coup, j'ai compris le lien : pourquoi il était habitué du récit auto-biographique (il a publié de nombreux blogs racontant sa vie, y compris ses difficultés pour draguer) pourquoi il changeait de style (lui qui faisait dans le semi-animalier) pourquoi alors qu'il n'avait qu'un seul album il raconte avoir dessiné un Spirou et un Asterix et pourquoi il était édité dans la collection Shampoing de Lewis Trondheim (avec lequel il partagea un atelier un temps.)
Pour le coup, ils m'ont bien eu.