A Digest of Absurd, Laughable, Weird and Pathetik, c'est l'association de deux auteurs français pour un comics à la fois introspectif et poétique agrémenté de jeux et de bonus, de respirations ludiques et d'hommages francs. Si l'absurde y tient une partie de la narration, c'est pour mieux mettre en lumière l'ardu chemin de celles et ceux qui cherchent à percer dans un marché aujourd'hui saturé de dogmes qui ne laisse plus autant de place à l'inventivité qu'il y a quelques décennies. Entre indépendance et compromission, 


les rêves se matérialisent dans la douleur de l'errance.



Au scénario de Smilin'Joe & Captain Bulb choient dans l'Espace Intericonique !, James suit le parcours difficile de son héros Smilin'Joe qui ne rêve que de gloire et de cartoons mais qui se heurte à l'impitoyable loi du marché qui veut que l'anonyme ne perce qu'après la soumission et la corruption. Là où l'auteur cherche à préserver son indépendance et sa personnalité, ceux-là qui tiennent les cordons de la bourse les lui enserrent jusqu'à ce qu'il ne puisse plus que 


se fourvoyer et oublier finalement l'essence de son désir.



Pathétique disions-nous ?


Au dessin, La Tête X livre une œuvre de rondeurs douces, naïves. Le trait est superbe, les personnages originaux, les nuances expressives. 


L'apport du cartoon est considérable dans le mouvement autant que dans les portraits saisis sur le vif des émotions,



le plaisir est indéniable.


Fascicule trop vite dévoré, Pathetik suit 


la voie du réel incrusté sous l'humour et la distanciation,



un genre en soi de la bande-dessinée franco-belge moderne. C'est séduisant d'authenticité, fascinant de dénuement, sans pour autant virer au voyeurisme : l'auto mise en scène sait rester concentrée sur la narration, pas d'indiscrétion mais le fil solide d'une aventure démesurée et délirante dans les méandres oniriques de l'ambition artistique. Entre autofiction et espaces ludiques, le titre offre là



une forme de poétique désabusée



qui ne peut que parler à toutes ces personnes habitées d'un rêve qu'elles ne cesseront jamais de poursuivre sans jamais y donner de leçon, sans porter de jugement ailleurs que sur les dangers essentiels de la compromission.
La tendresse des auteurs envers leurs personnages autant que pour leurs lecteurs fait là tout l'or de l'ouvrage.

Créée

le 21 mai 2018

Critique lue 62 fois

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