Petite Vicieuse
6.8
Petite Vicieuse

BD de Ardem (2013)

Deuxième Ardem que je découvre après La mauvaise élève. Celui-là est meilleur, beaucoup plus épais psychologiquement et plus réaliste (bien entendu dans le cadre étroit du récit érotique avec tous ses délires imaginatifs).


La bonne idée de cette bédé, qui pourrait en chagriner certains cependant, reste selon moi l'usage important de la voix-off de l'héroïne. Pourquoi au juste ? Parce que ce monologue narratif est tout d'abord écrit dans un style “parlé” pour le coup très réaliste en même temps qu’intime.


Ensuite, sa lecture qui n'est pas non plus fastidieuse (l'équilibre entre voix-off et dessin est maintenu avec justesse) permet de poser des temps de respiration bien agencés qui rendent cette lecture encore plus agréable. Les pensées de l'héroïne sont intéressantes, bien écrites et aident considérablement le lecteur à comprendre les personnages et donc à entrer dans le récit, à y maintenir son attention.


J’ai déjà dit le bien que j'éprouvais à lire le dessin d’Ardem : il est clair, très proche du réalisme, mais il est assez rond dans le même temps. Très reconnaissable, identifiable à son auteur, ce style fait toujours plaisir à revoir. Il est parfait pour le dessin érotique, illustrant bien la sensualité des corps ou contraire l’aspect “sale”, interdit et donc ce contraste saisissant, ces contraires excitants. Le trait d’Ardem se situe bien dans cet entre-deux, ce va-et-vient qui donne de l'homogénéité aux différentes tonalités que prend le récit.


Sur cette histoire, on est toujours sur le schéma récurrent chez Ardem de l’initiation à une sexualité plus débridée où les rapports prennent une tournure complètement masochiste, humiliante pour l'héroïne. Et l'écueil le plus saillant sur ce canevas casse-gueule est de rendre cette progression à peu près crédible, du moins à faire accepter par le lecteur l'évolution du personnage principal. Sur ce point, Ardem s'en tire bien, je trouve. Ça aussi fait que la lecture reste agréable, car on n’a pas l'impression d'être pris pour un con par l'auteur.


Bref, une bonne bédé érotique, bien bâtie.


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Alligator
9
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le 6 sept. 2017

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