J'a commencé à lire la série des Walking Dead dans l'objectif de regarder la série. Au début, j'ai eu un peu de mal (je n'ai jamais vraiment aimé la lecture de comics) mais, au bout de trois numéros, j'étais dedans pour de bon.
Ce qui m'a plu, finalement, c'est l'aspect politique des livres. Rien de mieux qu'un monde post-apocalyptique où toute société humaine est désorganisée, voire anéantie, pour faire réfléchir sur la vie en société et sur les caractéristiques de l'humanité.
Et si la politique est présente dès le début, c'est dans ce volume-là que je l'ai trouvée la plus intéressante.
Petit rappel (qui constitue donc un spoil par rapport aux épisodes précédents) : Rick et les siens sont donc acceptés (avec méfiance toutefois) dans une communauté qui vit à l'abri derrière des murs fortifiés. Nourriture, électricité, et surtout protection d'une communauté qui paraît soudée par l'envie de mener une vie normale au milieu d'un monde qui se désagrège : tout l'air paradisiaque ici.
Par un joli retournement de paradigmes, dans l'épisode précédent, c'est la vie extérieure, une vie de jungle où le danger est permanent, une vie de meurtres et de méfiance de chaque instant, une vie au milieu de zombies dévoreurs d'humains, qui apparaissait être la vie ordinaire, presque rassurante. A l'inverse, la vie au sein de cette communauté a vite été noyée sous le doute, la suspicion, la crainte. En gros, après un an passé au-dehors, la vie en société est devenue trop compliquée, trop difficile à appréhender et, n'hésitons pas à le dire, trop pleine de dangers potentiels. Chaque mot, chaque regard semble pouvoir être interprété de façon menaçante.
Et c'est là que ce numéro implante, sans en avoir l'air, toute une série de réflexions politiques d'une grande acuité :
1°) la vie en société et en paix provoque-t-elle un "amollissement" des individus ? C'est la crainte de Carl : et si, à force de vivre sous la protection de la société, on devenait trop "mous", inadaptés à une vie de combats et de galères ?
2°) où se situe véritablement la place des humains, en dehors, dans la jungle, à se déchirer, ou à l'intérieur, à tenter tant bien que mal de se donner un aspect policé et social ? Et si la civilisation n'était qu'un mince vernis derrière lequel la bestialité cherche à se dissimuler (avant de rejaillir quand on ne s'y attend pas) ?
3°) Vivre en société nécessite d'obéir à l'organisation sociale. Doit-on faire confiance à la société pour nous protéger ou doit-on agir nous-mêmes pour assurer notre propre protection ? (question toujours particulièrement brûlante aux USA)
4°) une société peut-elle se permettre de sacrifier un de ses individus pour le bien collectif ? Jusqu'où le collectif dot-il primer sur l'individuel ?
5°) la justice provient-elle de valeurs supérieures ou découle-t-elle uniquement du "contrat social" qui lie les membres de la communauté ?
6°) le dirigeant est obligé de faire des choix, de fermer les yeux de temps à autres, d'être parfois injuste pour que la société puisse avancer. Des choix parfois compliqués, souvent incompris.
En bref, voilà le genre de choses qui font que j'aime cette série. L'intelligence est dissimulée derrière une histoire passionnante où les rebondissements sont bien organisés.
Finalement, alors que le niveau de la série télé semble diminuer, je n'ai plus vraiment envie de la regarder, mais je continue à lire les comics avec de plus en plus d'intérêt.