Alors pour le coup c'est une expérience qui fût assez particulière, et même assez originale.


J'ai acheté ce livre dans la nuit du 3 Juin au 4 Juin, sans trop savoir pourquoi, ni comment (une vraie pulsion)... Je n'avais pas lu un livre pour "moi-même" depuis mes 7/8ans (oui, je suis d'accord, ça fait beaucoup). Je suis vraiment un "non-lecteur", je n'ai lu que les livres du programme scolaire (et encore, en partie) et quelques définitions du "Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis" de Pierre Desproges. Autant dire que je n'avais pas lu grand chose depuis longtemps et aujourd'hui, mon père m'appel d'en bas de l'escalier:
-"Tu as acheté un livre?!!" (étant son fils il connait très bien mon rapport à la littérature), et moi de répondre,
-"Euuh... Oui.. j'arrive!"


Et là ce fût le début de cette aventure d'une soirée. Même l'ouverture du carton Amazon c'était déjà cool, je tombe sur ce livre dans un léger film plastique (blister), comme il en existe sur les livres en général, ou les DVD. Et déjà, une expérience esthétique débute, voir le livre en surbrillance à travers le blister neuf, c'était déjà impressionnant. Je déchire donc le plastique et je me retrouve confronté à une couverture en papier cartonné qui entoure le livre, avec les écritures et le personnage principal en flocage, je passe mes doigts dessus, comme un enfant, forcément. J'ai adoré la sensation.


Dès le début j'étais ravis, la couverture supportais un genre de dessin qui me plaisait de très belles couleurs. On ressent toute la subjectivité de mon expérience, mais aussi mon très fort intérêt pour l'aspect esthétique de toute oeuvre.


J'ai aussi acquis un jour avant l'équivalent de 43Go, du répertoire de la musique classique, comprenant entre-autre: Satie, Bartok, Salieri, Mozart, Bach, Strauss, Debussy, Beethoven et bien d'autre grands noms... C'est avec ce fond sonore que j'ai commencé ma lecture, en commençant par toutes les Gnossiennes de Erik Satie, suivit de l'intégral des Nocturnes de Frédéric Chopin, puis pour continuer et finir, un mélange de Bach et Dvorak.


Donc, j'ouvre le livre. Et à partir de ce moment tout fût très lent, comme pour savourer chaque instants, après tant d'années sans lectures personnelles.. Chaque pages, même simplement celle comprenant le titre en gros sur un fond marron s'approchant du bordeaux, je les regardait longuement, avec la musique qui se faisait quelque fois narrative. Je tourne donc la page d'annonce du titre, et je tombe nez à nez sur une note de Jaco Van Dormael, un professionnel du Cinéma (réalisateur Belge, notamment connu pour "Mr.Nobody"), agréable surprise qui m'a conforté dans mon désir de lecture.


Alors je me lance, et je ne raconterais pas ici l'histoire, ça n'a aucun intérêt, mais simplement ce fût pour moi un immense voyage à la foi extérieur et intérieur. Je me suis évadé dans se livre, j'ai vraiment adopté une lecture sérieuse, mais pas dans un sens analytique, de recul, de distance vis à vis de l'oeuvre, non. Un sérieux de lecture immersif, direct et sensuel, dans ces quelques pages qui m'on réellement, non pas ému, mais vraiment transportés quelque part d'autre pendant ce laps de temps, j'ai mis cinq heures à les lire; ce qui peut paraître long pour un lecteur confirmé, mais je l'ai déjà dis, je ne suis pas un lecteur du tout.


Après ma lecture, après cette belle dernière trame, je me suis levé et pendant un temps j'étais encore dans l'univers du livre, comme ivre de l'oeuvre, il me fallut un temps pour dessaouler, bien que je n'ai absolument pas eu l'envie de perdre cette sensation, elle s'est tout de même évanouie. Mais j'en garderai, je pense encore longtemps, un très agréable souvenir. C'est un moment de vie, ni plus, ni moins, c'est vraiment un très bel instant que nous offre Taniguchi.
Et pour le côté cinéma, c'est tellement explicite que n'importe quel amateur de cinéma y verra un film en lisant ce livre. C'est presque le StoryBoard d'un film avec le scénario dans les bulles, vraiment l'approche cinématographique est extrêmement explicite, je ne connais pas le dessinateur qu'est Jirô Taniguchi, mais il doit profondément être marqué et empreint par le cinéma. D'ailleurs il a reçu le "Prix de la meilleur BD adaptable au cinéma", je pense que ça en dit déjà long.


A lire et à relire, comme se saouler pour oublier, ce livre est un oublie de soi et de ce qui nous entoure, c'est une porte d'entré et aussi de sortie vers un autre monde. Heureux de ma lente lecture, j'aurai au moins visité ce monde durant cinq heures.

Amoneptah
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le 5 juin 2014

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Amoneptah

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