Aller de YouTube en BD, c'est tomber de Charybde en Scylla

Nul besoin de présenter Cyprien Iov, youtubeur adulé à ses débuts, conspué de toutes parts aujourd'hui. Des vidéos moins drôles ? Polémiques ? Prise de melon ? CyprienGaming ? Allez savoir, et de toute façon peu importe. Quoi qu'il en soit, le vidéaste le répète souvent : sa chaîne YouTube lui permet de réaliser ses rêves, que c'est grâce à nous, blablabla. Eh bien il se trouve que créer une bande-dessinée faisait partie de ces fameux rêves. La nouvelle est tombée comme un cheveu dans la soupe, avec une certaine appréhension.

En effet, la BD, ça s'apprend. Que ce soit en tant que dessinateur ou scénariste, on ne crée pas une BD comme une chaîne YouTube. Peut-être Cyprien sait-il dessiner (encore que, moi j'aime pas). Mais ici, il est scénariste. Rien, même pas lui, ne nous a indiqué son expérience, et comment il a appris à scénariser de la BD. Stephen King lui-même, auteur autrement plus talentueux s'il en est (euphémisme), a témoigné des grandes difficultés à scénariser le premier tome du comic American Vampire, c'est dire. On part donc sur de mauvaises bases, avant même que son album ne sorte.

Et une fois que l'on ouvre Roger et ses humains, on n'est pas franchement rassuré. Première constatation : le dessin est moche. Que ce soit fait à la main ou sur tablette graphique, je ne sais pas faire la différence, toujours est-il que c'est laid ; simpliste (le dessin simpliste, pourquoi pas, tant que ça colle au propos ; là on dirait juste de la paresse), erratique dans les traits, dessins recyclés (en tout cas c'est l'impression que l'on a en feuilletant tout du long, que certaines cases se répètent), et couleurs aseptisées, bref ça ne vaut pas un kopeck.

Au niveau de l'histoire, Roger et ses humains est un mélange hybride de strips et d'histoire cohérente (puis-je caser un "lol", s'il vous plaît ?) ; mais d'une part les gags ne sont pas drôles (presque affligeants) et usent de blagues fades et sans originalité ni imagination, et d'autre part le "scénario" de Cyprien est bateau, simple, plat, amphigourique, et totalement mauvais comme le reste.

Je viens de me rendre compte que j'ai beaucoup utilisé le terme "simple" dans cette critique ; peut-on synthétiser en affirmant que cette BD est bâclée ? Que ni Cyprien ni Paka ne se soient cassé la tête pour au moins essayer de produire de la qualité ? Ou simplement que ces deux samouraïs vivent dans un monde de paillettes où l'humour est à base de chaussettes sales et de recyclage de mèmes internet ?

Cyprien suit ses rêves... et les torche comme sa lessive. Nom de Zeus, espérons qu'il ne rêve pas de faire un long-métrage si c'est pour réitérer ce genre de travail (en tout cas, avec La Cartouche, on a pu voir ce que donnait un court).