qui ne mérite pas l'effort d'une critique.
Ce Lord of the flies n'a pas été conçu "d'après William Golding" comme le prétendent abusivement sa couverture et sa garde, c'est un collage direct de morceaux du texte original qui se trouvent être illustrés. Et c'est marre.
En 350 pages, je crois que je suis capable de relever trois "idées" qui diffèrent un tant soit peu de Golding et qui tentent de lui ajouter de la texture :
- le feu se reflète à plusieurs reprises dans les lunettes de Piggy, créant un effet de préfiguration symbolique pas intéressant pour un sou.
- Jack hallucine en voyant les petits comme des cochons, ce qui le brutalise un peu plus. Ballek.
- La bande dessinée (et niquez-vous bien avec votre étiquette graphic novel) se termine sur un agrandissement des canons du croiseur, annonçant symboliquement que le retour au monde des adultes ne verra pas pour les personnages la fin de la guerre et de la violence arriver. Evident.
Je n'ajoute pas à cette liste le fait de lourdement étendre certaines références discrètes, comme le souvenir du cottage. Ce n'est pas de la création, c'est un changement de rythme - complètement pété qui plus est, dans une structure où le choix d'épouser le chapitrage du roman original crée déjà des ellipses particulièrement disgracieuses sous cette forme.
Tout le "travail", et enchaînez autant de guillemets que vous êtes capable d'en imaginer ici, d'Aimée de Jongh se limitera à rendre plus expressionnistes et plus marqués des symboles déjà assez directs dans un roman conçu pour être lu autant par des adultes que par leurs enfants.
C'est une escroquerie, et c'est particulièrement désagréable de voir le milieu de la BD légitime faire l'éloge de cette merde pondue par une meuf à l'égo délirant.
Si on désire illustrer des classiques en proposant des inspirations visuelles à disposer en vis-à-vis, comme ont pu le faire au hasard Christian Lacroix sur Clèves ou récemment Riad Sattouf sur Saint-Exupéry, c'est légitime et intéressant. Mais ces deux types n'ont jamais prétendu écrire des versions d'ouvrages pour lesquels ils éprouvent manifestement un respect artistique bien plus digne que celui de l'opportuniste, traîne-savate de festivals.
Ca dégage.