Après la série réussie Beastars, Paru Itagaki s’attaque à un nouveau manga autour d’un mythe, le Père Noël, pour évoquer l’adolescence. Dans un futur lointain où la population est de plus en plus vieillissante, les enfants sont choyés et préservés comme une denrée rare, vivant à l’abri dans des pensionnats. Parmi l’un d’eux, Sanda est poignardé par sa camarade Shiori, persuadée ainsi de pouvoir invoquer un héros disparu, le Père Noël, dont l’adolescent serait le descendant. Sur un postulat complètement dingue, l’autrice livre alors un récit drôle, s’appuyant sur la description d’un monde décalé, où les enfants se comportent en roi et les adultes sont friands de jeunesse éternelle. Pour l’humour, elle s’appuie sur ses personnages ingénus, lugubres ou vaniteux pour créer des séquences absurdes et alimenter l’action. Le décalage se joue aussi sur la métamorphose du frêle Sanda en un Père Noël bodybuildé, vieillard protecteur, agile (il passe dans des cheminées) et capable d’invoquer des skis à ses pieds (!?!). Mais le scénario sert des propos plus sérieux autour de l’adolescence comme la peur de grandir ou de vieillir, ainsi que d’affronter un monde adulte, ici menaçant.
Côté suspense, la narration n’est pas en reste, l’univers dépeint n’ayant pas livré tous ses secrets. D’ailleurs, les séquences d’action sont dépeintes par un trait vif et anguleux, graphisme atypique et propre à l’autrice qui joue bien sur les séquences clair-obscures. Par sa proposition encore une fois originale, sa parabole sur la jeunesse, son univers singulier entre thriller SF et humour absurde, cette nouvelle série d’Itagaki est à suivre.