Say Hello to Black Jack est un seinen (il ne s'agit pas du genre du manga mais uniquement de la cible éditoriale du magazine qui a pré-publié ce manga et les seinens sont des mangas destinés aux hommes adultes "s'opposant" aux josei, les mangas pour femmes) manga de Shūhō Satō. Son titre est inspiré du manga médical Black Jack d'Osamu Tezuka. Il a été pré-publié dans le magazine Morning entre 2002 et 2006 et a été compilé en un total de treize tomes. La version française a été éditée par Glénat.


Le manga nous racontera le parcours initiatique d'Eijiro Saitô, un jeune interne qui termine sa formation dans la plus grande université de médecine du Japon, à Tokyo, Eiroku !


Dans cet établissement, les apprentis médecins y ont appris la théorie et sont considérés comme « le pilier de la médecine japonaise ».
Néanmoins, ils sont désormais confrontés à la réalité du terrain et aux chocs que cela entraîne.


En effet, Saitô n’a eu droit jusqu’au début du manga qu’à une formation très théorique concernant son futur emploi. La pratique, il devra l’apprendre au travers des différents départements médicaux dans lesquels on l’enverra pour se forger sa propre expérience sur le terrain. La désillusion sera au rendez-vous pour ce bleu plein d’idéaux : salaire misérable et conditions de vie précaires pour les internes, chirurgiens incompétents et plus préoccupés par leur carrière que par leurs patients, système pyramidal, etc.


Saito sera plus d’une fois démoralisé, mais son envie de bousculer les règles établies prendra toujours le pas sur sa déception. Il s’insurgera contre cette institution et fera tout son possible pour en ébranler les bases, même si la tâche s’avèrera presque impossible : comment chambouler un ordre présent depuis des années ? Que vaut la parole d’un nouveau venu face aux hautes instances de ce régime ? Pas grand-chose, il est vrai. Mais il en faudra plus pour le désarçonner : le voilà bien décidé à prendre les armes, quitte à y laisser quelques plumes.


Et vous allez surement me demander : "Pourquoi le manga s'appelle Say Hello To Black Jack si le protagoniste n'est pas Black Jack ? S'agit-il juste d'une démarche commerciale pour attirer l'attention sur ce manga en se servant d'un manga mythique du papa du manga moderne ?"


Eh bien, le manga se nomme ainsi, car le mangaka a décidé de prendre le concept du personnage de Black Jack et le transposer dans son manga, mais en l'appliquant différemment : le côté asocial du protagoniste est incarné par l’ensemble du personnel du système médical japonais, tandis que sa bonté et son optimisme reviennent au héros, Eijiro Saito. Qui passionné et plein d'enthousiasme a par contre une question qui lui trotte toujours dans la tête "Un médecin, qu’est-ce que c’est ?"


Et ces formateurs auront pour but de chacun offrir des bribes de réponse afin que Saitô réponde à cette question, car le manga excelle comme un Naoki Urasawa, à nous faire réfléchir plus que de glorifier une vision qui serait meilleure que les autres, nous forçant donc à avoir notre propre vision !


Derrière ses allures fictionnelles, Say Hello to Black Jack se voit appuyer sur des faits et des chiffres bien réels pour argumenter son propos qui reflète la triste réalité des hôpitaux japonais, donnant donc à ce manga une approche documentaire.


Cette démarche est à la fois le point fort et le point faible du titre. Comme tout documentaire, la série se veut très synthétique. Bien que charismatiques, les nombreux personnages secondaires que rencontrera Saito n’auront droit qu’à un bref moment de gloire, le temps de son apprentissage dans un service ne s’étalant que sur 3 voire 5 tomes pour le service de psychiatrie.


La formule s'en voit bien huilée, Saito débarque dans un service et en l'explorant, il voit une situation qui lui déplaît, alors il se révolte. Il fait sa petite révolution en essayant de convaincre son tuteur de reconsidérer la situation ... après selon les services, ses tentatives se verront couronnée de succès ou pas, mais il arrive toujours à laisser au moins une trace de son passage dans le service pour ensuite aller dans un autre service.


Avec cette formule, on a l'impression que ces tuteurs ne sont que des illustrations du système jouant le rôle d'opposant à la vision de Saitô (à part le docteur Iseya qui même s'il n'est pas d'accord avec Saitô, ne laisse pas le système avoir le meilleur de lui pour défendre sa vision de la médecine), ennemis qui vont essayer de convaincre Saitô à adhérer au système, car ça ne sert à rien de s'y opposer même si au final, il continuera de bousculer les normes pour créer un chemin qui lui plaît davantage.


Cela pourra soit rebuter, soit plaire, ça passe ou ça casse ...


Je tiens à placer des mentions spéciales pour certains personnages m'ayant particulièrement marqué outre que Saitô : Minagawa (sa relation amoureuse réaliste avec Saitô est particulièrement bien exploitée !), les docteurs Iseya, Kita, Shoji et Usami, Mr. Kadowaki, Madame Tsujimoto (son parcours prend tellement aux tripes que je ne pouvais pas ne pas parler de cette mère au foyer !) Ozawa et Sayuri. Cela fait beaucoup mais les personnages secondaires sont si charismatiques et attachants que j'aurais envie que Say Hello to Black Jack soit deux fois plus long (j'ai d'ailleurs entendu parler d'une suite que Glénat n'a toujours pas éditée malheureusement ...) !


Niveau dessin, nous sommes face à un dessin assez réaliste mais qui n'a pas peur de se déformer lorsqu'un personnage s'énerve afin d'amplifier l'événement et nous capter davantage en nous montrant par le biais du dessin tout ce qu'il y a en jeu à certains instants ! 1


Il rappellera sans aucun doute pour les initiés, le trait de Naoki Urasawa avec ces particularités au niveau des expressions (moins dans l'étonnement ou dans l'effroi que Naoki Urasawa, mais plutôt dans la colère, la confrontation ou la passion).


On remarquera d'ailleurs que le découpage de Shuho Sato ne fait que s'améliorer de volume en volume, en effet, au début du manga il n'use jamais de double page ou n'opère pas de jeu avec les diagonales bien que certains moments justifieraient ce choix, afin de briser son découpage rectangulaire. Mais par la suite, on le verra de plus en plus à l'aise avec les doubles pages, les pleines pages ainsi que le découpage dans les diagonales, bien qu'ils ne les utilisent bien sûr qu'avec parcimonie !


Les environnements changent également, ce qui participe à ne jamais sentir la moindre monotonie au niveau de la composition car Saitô en changeant de service doit partir dans d'autres parties de l'hôpital.


Le personnage principal : 10/10


Characterisation: 5/5
Développement: 5/5


Les personnages secondaires: 9/10


Characterisation: 5/5
Développement: 4/5 (en majorité, il s'agit de Saito qui a le plus de développement mais certains personnages secondaires ont des développements plus subtils suite à la visite de Saito que l'on pourra constater durant tout le manga)


L'intrigue: 18.5/20


L'exposition (la présentation du sujet et du contexte): 4.5/5
L'introduction: 4.5/5
Conclusion: 5/5
Rythme: 4.5/5


Le dessin: 17/20


La patte graphique: 4.5/5
Le trait: 4.5/5
Le découpage: 4/5
La composition: 4/5


Note finale: 9.08/10
Niveau d'appréciation global du manga: 9.5/10


En bref, Say Hello to Black Jack est un très gros coup de coeur qui a su secouer le Pays du Soleil Levant, entraînant même certaines réformes de la médecine japonaise alors pourquoi pas vous ?


Avec ce manga, je vous conseille:



  • Monster de Naoki Urasawa dont j'ai déjà parlé précédemment, il offre une vision proche de Shūhō Satō servi par un thriller psychologique fascinant nous narrant l'histoire du docteur Tenma (qui est inspiré du docteur Tenma d'Astro Boy comme quoi tout est lié à Osamu Tezuka :) ), un jeune neurochirurgien japonais qui pratique en Allemagne après être tombé sur les travaux du docteur Heinemann qui le poussera à demander à terminer sa formation à l'hôpital Eisler, à Düsseldorf. Jusqu'au jour où un dilemme s'offre à lui, sauver un jeune garçon qui s'est pris une balle dans la tête et qui est arrivé en premier ou sauver le maire de la ville de Dusseldorf qui a promis une somme coquette à l'hôpital mais qui est arrivé en second.


Porté par son égalitarisme, il décidera de sauver le jeune garçon qui malheureusement en grandissant deviendra un sérial killer prétextant qu'un monstre le dévore de l'intérieur !


Tenma décide alors de réparer son erreur est d'aller prendre la vie qu'il a sauvée !


Entre réflexions sur la nature humaine, sur la société ainsi que le climat politique de l'époque, Monster s'impose comme une des oeuvres les plus importantes de Naoki Urasawa !



  • Blackjack d'Osamu Tezuka, l'influence du manga que je viens de vous présenter, il s'agit d'un manga inspiré directement de la profession d'origine d'Osamu Tezuka, médecin.


Black Jack est un manga nous présentant un médecin de l'ombre du nom de Kuroo Hazama. Il doit son visage bicolore au don de peau fait dans son enfance par un camarade de classe métis le jour où un accident l'a laissé défigurer. Ayant suivi des études de médecine pour honorer son sauveur, il refuse cependant de passer les examens finaux pour protester contre la corruption et le conservatisme qui plombent la médecine japonaise. En marge de la société, il n'hésite pas à venir en aide à quiconque, indépendamment de la moralité de la victime, qui demande du secours. Il peut tout aussi bien exiger des sommes astronomiques de ses patients (« le prix du silence étant inclus, bien entendu ») que les aider sans rien demander en retour, tout dépendant de leurs possibilités financières et leur mentalité. Misanthrope, il apprend cependant l'humilité quand il comprend que même lui ne peut rien quand la Mort vient chercher ses patients.



  • Et pour rester dans le domaine médical, Docteur House qui a grâce à son personnage principal, la possibilité de soulever des questions philosophiques d'éthique et de déontologie médicales se rapprochant par moments de Say Hello to Black Jack.

Albator_Larson
9
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le 1 nov. 2018

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Albator_Larson

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