Sa vision dystopique puissante et son traitement visuel époustouflant m'on directement attiré vers elle. Cette Bd, se déroule à bord d'une station spatiale géante où l'humanité survit sous le joug d'une société ultra-capitaliste. Bablet utilise cet univers de science-fiction pour critiquer avec acuité notre monde contemporain, abordant des thèmes comme la surconsommation, la manipulation des masses, et les dérives technologiques.
J'ai pu lui reprocher dans son œuvre précédente un côté narrative bien en dessous de ça mise en scène et du visuel... Ici, on est 10 cran au dessus!
Visuellement, Shangri-La est un véritable tour de force. Les décors sont grandioses, mêlant architectures futuristes et paysages cosmiques saisissants. Chaque planche est d'une richesse visuelle incroyable, avec un souci du détail qui rend l'univers à la fois crédible et fascinant. Le style graphique de Bablet, avec ses lignes claires et ses couleurs éclatantes, donne vie à ce monde dystopique de manière saisissante. L'immensité des structures et l'oppression des environnements contrastent avec la petitesse des individus, renforçant le sentiment de désespoir qui imprègne le récit.
Cependant, malgré cette maîtrise visuelle, certains lecteurs pourraient trouver l'histoire un peu trop didactique. Le discours de Bablet sur les dangers du capitalisme et de la technologie est parfois lourdement appuyé, au point de prendre le pas sur la narration. Les personnages, bien que souvent intrigants, manquent parfois de profondeur, servant davantage à illustrer les thèses de l'auteur, qu'à véritablement incarner des êtres vivants. Cela peut donner une impression de froideur ou de distance, rendant l'expérience de lecture moins immersive pour certains.
Pour moi, ça n'a pas été le cas, j'ai été transporté. Car justement, nous sommes dans un futur ou la terre est devenu inhabitable et ou la froideur des êtres humains peu totalement s'expliquer. La mise en scène sauve aussi terriblement la narration. Je pense à ces planches mythiques, ou l'auteur pour notre des publicités et ou on se surprend nous même à nous arrêter dans le récit. Plus pour contempler le côté parodique de la chose, certes, mais on s'y arrête quand même. Comme si même à travers la fiction, le démon du capitalisme avait une emprise!
Shangri-La reste une œuvre marquante par sa capacité à conjuguer une critique sociale incisive avec une esthétique visuelle impressionnante. C'est une bande dessinée qui interpelle, qui pousse à la réflexion, tout en offrant un spectacle visuel de premier ordre. Bablet parvient à créer un monde aussi fascinant que terrifiant, et si l'on peut regretter un certain manque de nuance dans le propos, l'ensemble reste d'une force incontestable.
En conclusion, Shangri-La est une bande dessinée qui ne laisse pas indifférent. C'est une œuvre ambitieuse, qui réussit à marier un discours engagé avec un univers graphique d'une grande richesse. Pour ceux qui aiment les dystopies visuellement spectaculaires et les réflexions sociétales, c'est un incontournable, même si l'on pourrait rester sur sa faim en termes de narration et de développement des personnages.
Funfact: j'ai aidé des gens à se mettre à lire des BDs grace à Shangri-la.