Sigmund Freud Est à l'Ouest

Spot, chien errant, s’est enfui du pénitencier, où il était censé finir ses jours, pour partir à la recherche de son âme. En chemin, Spot croise Sigmund Freud et Igor, son assistant. Freud est venu « psychanalyser l’Amérique » jusque dans le cœur des Rocheuses pour « en mettre plein la vue aux barbons de l’Académie. »

Sur un air de western, c’est farfelu de bout en bout. Le dessin grotesque de Manu Larcenet donne du corps aux nombreux personnages, hommes et chiens. Le décalage est agréable, drôle et tendre. Le scénario est bien tourné autour de Spot et sa quête, et équilibré dans l’humour d’incompréhension entre Freud et ce compagnon improbable. L’exercice western de Manu Larcenet n’échappe pas à la vision chamanique, et on pense alors à Blueberry forcément. Ici, c’est l’initiation du vieux Sigmund Freud, qui croit décortiquer l’esprit par les mots, au mystique, qui pousse à l’abandon total. Le contraste est saisissant d’humour.

Le décalage complet qui s’installe entre le héros présumé, Sigmund Freud, et son histoire est la géniale trouvaille de l’album. Avec humilité, Manu Larcenet fait hommage au western, tradition de la bande-dessinée, et évoque la question de la connaissance de soi. L’ouvrage, toujours bourré d’humour, mérite le détour.

Matthieu Marsan-Bacheré