Silent Jenny
7.5
Silent Jenny

BD franco-belge de Mathieu Bablet (2025)

mêmes qualités, plus grands défauts

La sortie d'un album de Bablet c'est un peu comme la sortie du nouvel album de son groupe préféré : tu l'attends 4-5 ans, t'aimes bien les nouveaux singles mais tu sais pas si l'album entier va être chiant ou innovant.

Bon innovant c'est un peu compliqué étant donné que Bablet c'est un peu toujours pareil dans les personnages, la structure, le style narratif, les thèmes abordés etc. et c'est difficile de lui en vouloir, comment on pourrait en vouloir à un mec qui aborde aussi bien l'humain et le spirituel dans des univers aussi dingues. Et qu'aime bien la nature en plus.

Avant de lire ce petit dernier, j'ai lu vite fait 2-3 critiques pros et ce qui en ressortaient c'était Miyazaki, post-apo, abeille, steampunk, introspection et ça me chauffait bien ces petits mots-clés, ça sentait l'aventure un peu roadtrip darkos avec des animaux - enfin insectes - dans un monde stylé. Mais comme souvent, j'aurai du me méfier de mes attentes ...

DU COUP.

Passons l'aspect visuel, c'est Bablet on sait, merci mon gars pour ça, j'ai passé presque 4h à admirer tes cases, t'es toujours le GOAT, pas de doute là-dessus mais tapons plutôt dans le gras : le reste, l'histoire tout ça.

Bah merde alors, pour la première fois devant ton univers visuel qui me fait kiffer, j'me suis fait un peu chier ... pendant 150 pages mêmes, toutes celles du milieu en fait.

J'ai pas compris pourquoi le nom de la BD et l'histoire principale se tenait autour d'un perso mutique, dépressif et introverti, à part nous emmerder y a finalement pas trop de réflexions et de raisons à s'intéresser en profondeur sur ce qu'il traverse ou ce qu'il est (enfin elle).

En fait son trauma, c'est dommage pour elle mais j'en avais un peu rien à faire parce qu'à aucun moment j'ai eu de l'empathie ou de la curiosité envers elle, et c'est bien triste.

Je sais bien que Bablet nous refile souvent des individus un peu à l'ouest, qui réfléchisse sur leur place et le monde, il y a toujours un aspect contemplatif dans ce qu'ils sont mais là j'avais juste envie de lui mettre 2-3 baffes par page pour la secouer, j'me suis même demandé si Bablet allait bien d'ailleurs. Tu vas bien j'espère mon gars ?

Ensuite les autres collègues d'aventure, bon ils vont mieux, ils parlent eux au moins, mais on a pas vraiment de quoi s'attacher à eux, on a l'impression d'être toujours spectateurs de leurs actions (pareil ça fait partie du style, I know) mais là vraiment j'ai absolument rien ressenti à ce qui pouvait leur arriver.

On suit un petit groupe, chacun a sa place, ses défauts, ses qualités, c'est assez classique mais finalement ils sont tous un peu plats. Bon j'ai bien aimé la matriarche (mèrepère) quand même, elle pouvait presque être touchante.

J'imagine que c'est compliqué de créer du lien quand il y a autant de situations du quotidien autour d'un groupe, mais ce recul envers les personnages (beaucoup au niveau dessins d'ailleurs) m'a un peu fait glisser sur eux.

Niveau narration, ben c'est compliqué aussi, c'est là que vient ma vraie déception je pense. J'ai eu l'impression d'attendre à chaque page que l'histoire se lance pour de bon. L'univers on tourne un peu en rond sur tous ces cailloux et ces grandes plages désertes, et les villes n'ont pas un grand apport de critique social réellement nouveau.

Le petit côté humour décalé sur l'administration c'est sympa mais bon ça casse pas non plus 3 pattes à un canard.

J'attendais (oui putain encore les attentes) quelque chose de plus complexe au niveau écologie, recherche, développement et de plus riche en termes de bestiaire, aventure, idées créatives.

Il y a évidemment plein de trucs sympas, des concepts cools, des passages plus vivants que d'autres, mais globalement ça m'a beaucoup moins marqué que dans ses autres oeuvres.

Avec tout ça j'ai jamais vraiment réussi à rentrer dans l'histoire, j'ai plutôt passé mon temps à regarder les cases, à la recherche d'un petit indice pour que tout ça devienne plus grand, plus vivant, mais finalement, à part les 50 dernières pages qui se délient enfin et qui apporte du rythme et du changement, j'ai pas vraiment eu ce que j'étais venu chercher.

Fais chier je suis frustré et va falloir que j'attende encore 4-5 ans tout en sachant maintenant que Bablet, je suis même plus sur de lui à 100%.

De quoi je peux être sur maintenant moi hein, je vous le demande...

Pour finir, le libraire et les premières critiques dithyrambiques m'avaient fait espérer une clôture de trilogie SF aussi bonne que les 2 premiers tomes mais ce fut un peu la douche tiède, c'est ce qui arrive quand les grands nous donne plus ce qui nous avait fait autant rêver avant.

Reste que j'ai du mal à dire vraiment du mal de cet auteur et que je pense sincèrement que tout le monde devrait acheter cette BD et se donner sa propre idée parce que ca reste de toute façon une grande oeuvre d'un grand artiste, et ce même si je la trouve ratée.

Et puis avec un peu de chance, c'est moi le problème ... à voir avec le temps !

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le 16 oct. 2025

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