Sin City, tome 1
8.1
Sin City, tome 1

Comics de Frank Miller (1994)

Avec le tome 1 de Sin city, Frank Miller propose un véritable chef-d'œuvre, qui servira de matériau pour le film, réalisé par lui-même et Robert Rodriguez.


Dans ce tome, oon suit le personnage de Marv, (vous savez, celui qu'incarnait Mickey Rourke dans le film) un gros bourru au passé sombre, alcoolo et toxico qui ne se laisse pas emmerder. On retrouve aussi cette fameuse "voix off", (ici on peut parler de récit à la première personne) typique des romans et films noirs dont Miller a déjà témoigné son amour par le passé ( Batman mais encore Hard boiled...).


Il est amusant de découvrir la BD sin city après avoir vu le long-métrage. En effet, elle est pour ainsi dire complètement conforme au film scénaristiquement, même si certains éléments présents ici ne le sont pas dans le film, comme le personnage de sa mère mais également une explication plus claire sur les motivations de certains personnages.
La bd est également conforme sur les cadrages (ou plutôt "composition", devrions-où nous dire dans le domaine du dessin). Il y a un nombre important de plans cultes du film qu'on retrouvent ici tel quel, à tel point qu'on a presque l'impression de lire le storyboard du film, ce qui n'est pas déplaisant !
Ainsi, on retrouve le plan vu de haut quand Marv se réveille au début, mais également le plan où il défonce la porte quand les flics arrivent... Et comme dans le film, tout s'enchaine très vite, on ne s'ennuie pas une seconde.


L'atout majeur de cette bande dessiné sont les dessins. Frank Miller atteint ici des sommets.
Les dessins sont en noir et blanc mais ce n'est en aucun cas du à un quelconque manque de moyen ou d'ambition, il s'agit ici d'un réel parti pris de mise en scène dont Miller arrivera à exploiter les possibilités. Ainsi, Sin city présentant des scènes se déroulant presque exclusivement la nuit, il n'y a nul besoin de dessiner le contour des personnages, l'auteur joue avec l'ombre et la lumière pour dessiner les matières, des plis de manteaux, de cheveux, de cicatrices... En quelques aplats d'encre noire pour remplir les cavités, un monde se dessine sous nos yeux.
Parfois, l'ombre et la lumière sont inversés pour donner un effet de négatif de photo...
Aucune case n'est laissé au hasard, c'est un travail de maitre.


A noter également, Miller a une réputation de réac, d'homme de droite attaché à certaines valeurs. Il n'est pas étonnant de voir que c'est également le cas du héros, qui se plaint des voitures d'aujourd'hui ("on dirait des rasoirs électriques"), de la musique qui n'est plus "du bon vieux country" ou encore des manteaux "qu'on ne fait plus comme ça depuis les années cinquante".
En plein milieu du livre, on trouve un superbe monologue introspectif de douze page entrecoupées d'images noyées par une pluie diluvienne. Ça n'est pas sans rappeler, dans un registre moins radical, le monologue de Seul contre tous de Gaspar Noé, pour comparer avec un autre magnifique portrait d'homme de droite++ aux valeurs parfois un peu dérangeantes...


Vous l'aurez compris, Sin city est une oeuvre dérangeante mais également diaboliquement séduisante.

FelixMarret
10
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Créée

le 13 janv. 2021

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Felix Marret

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