SensCritique a changé. On vous dit tout ici.

L'enfer est pavé de bonnes intentions

À la première lecture de Superman : Red Son, on ressent deux déceptions. En faisant de Superman le héros/hérault du communisme, on espérait avoir un discours politique sur le capitalisme et le communisme, avec un effet de miroir entre ce Superman là et son original, grand défenseur de l'Amérique. Il n'en est rien : comme souvent avec les Comics, le discours est centré sur les personnages et non sur les grands projets de civilisation, la politique, les idéaux. Ensuite, en faisant de Lex Luthor et d'un autre héros ses antagonistes principaux, on pouvait espérer avoir une inversion des rôles, un questionnement : Superman est-il le vilain ou le gentil ? Là encore, le parti-pris est tranché : Il est impossible que des communistes puissent être les gentils de l'histoire, même avec Superman. Mieux vaut encore s'allier avec Lex Luthor. Terrible.

Pourtant, passé ces déceptions (et ce n'est pas évident tant le pitch de départ est riche de promesses), ce Superman permet finalement de se dire que c'est probablement ce qui se passerait si Superman existait vraiment : demi-dieu, il transformait probablement la Terre en une grande utopie totalitaire, infantilisant et mettant sous cloche la planète toute entière, qu'il soit un communiste ou un capitaliste (le communisme ne sert ici que de réservoir graphique, comme un langage communément admis sur les symboles de la dictature). C'est ce qui est le plus intéressant dans le Comic : l'ascension inarrêtable d'un homme qui subit presque sa propre nature (Il semble ne pas vouloir transformer le monde tel qu'il est, dépassé par ses super-pouvoirs. Pétri de bonnes intentions, il transforme le monde en enfer). Dans un ultime cliffhanger, magistral par ailleurs (même si terriblement expédié), Superman prouve que le monde ne sera jamais plus le même, à jamais, quoiqu'il fasse. Comme s'il avait condamné la Terre.
numerimaniac
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 29 août 2014

Modifiée

le 29 août 2014

Critique lue 1.3K fois

numerimaniac

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

9
4

D'autres avis sur Superman: Red Son

Superman: Red Son

Superman: Red Son

le 16 juin 2012

Superman is watching you

Et si un vaisseau Kryptonien ne s'était pas écrasé au Kansas mais en Ukraine ? Et si le petit Kal-El avait été élevé dans les valeurs du communisme, sauce stalinienne, pour en devenir un des symboles...

Superman: Red Son

Superman: Red Son

le 23 févr. 2016

Супермен: Красный Сын

J'écris une critique seulement parce que je suis content de son titre. Tout me semble avoir été dit sur cette BD. Mark Millar a une excellente idée de faire atterrir la navette kryptonienne en...

Superman: Red Son

Superman: Red Son

le 29 août 2014

L'enfer est pavé de bonnes intentions

À la première lecture de Superman : Red Son, on ressent deux déceptions. En faisant de Superman le héros/hérault du communisme, on espérait avoir un discours politique sur le capitalisme et le...

Du même critique

Splice

Splice

le 10 nov. 2010

Uncanny Valley volontaire

Splice a pas mal de défauts de réalisation, comme des acteurs qui semblent désincarnés (Brody, qu'est-ce qui t'arrive?), des scènes aussi clichées qu'attendues ou des éléments scientifiques...

De l'inégalité parmi les sociétés

De l'inégalité parmi les sociétés

le 10 déc. 2010

Réponse à une question essentielle

De l'inégalité parmi les sociétés, en Anglais connu sous le titre de Guns, Germs & Steel (et que j'ai lu en version originale) est un livre écrit par Jared Diamond qui s'attelle à la question...

Tabou

Tabou

le 18 avr. 2014

Changer la société sans révolte

Tabou est la dernière œuvre cinématographique de l’un des réalisateurs les plus engagés au Japon, ayant fait de ses films des armes politiques : Ôshima Nagisa. Le tabou, c’est l’arrivée dans une...