Drinkwater, journaliste de la chic et paisible Côte Est, est envoyé au Texas pour rapporter à son éditeur les histoires les plus croustillantes du Far-West sauvage où fourmillent les instincts les plus vils et les âmes les plus impitoyables du Nouveau Continent.
Pas farouche pour un sou et fatigué de sa vie bostonienne, Drinkwater se lance corps et âme dans ses investigations auprès de la faune locale qui le lui rend bien.

BONHOMME : OUI !!!
Les sublimes planches de Mathieu Bonhomme (trait irréprochable et cohérent avec le propos, colorisation exemplaire) respirent la poussière, le tord-boyaux, le crottin de cheval et les bandanas suintant de sueur : le lecteur est littéralement transporté, immergé dans les rues crasses de Fort Worth et les grands espaces texans. Le travail de reconstitution, que ce soit au niveau des vêtements, des paysages (désert, grandes plaines, villes...) ou des décors (saloons, prisons, gares, ranchs...) est impressionnant et mérite à lui-seul qu'on s'attarde sur cette BD qui, sous un aspect graphique assez basique de prime abord, nous en met clairement plein les mirettes.

TRONDHEIM : MOUAIS…
Côté scénario, le bilan est plus mitigé. En reprenant les figures emblématiques du western (le sheriff, le hors-la-loi recherché, le braqueur, le propriétaire de ranch, la belle qui fait tourner toutes les têtes etc.), Trondheim rend un hommage aux grands classiques du genre. Un hommage malin puisqu'il parvient à se les approprier en s'amusant à les détourner (le sheriff est un ripou, le hors-la-loi est non-violent, la belle est une tueuse en série etc.).
Reste que l'histoire, loin d’être désagréable, n’est pas des plus passionnantes non plus. Constituée en réalité d’une succession de petites histoires façon « brèves-de-saloon » qui se recoupent par-ci par-là, la trame narrative manque cruellement de consistance. Trondheim assume d'ailleurs complètement cet aspect "historiettes" puisque chacune d'entre elles est introduite par une couverture de journal l'illustrant, faisant comprendre au lecteur que c'est Drinkwater le narrateur et qu'il a donc publié l'histoire après l'avoir vécue.
Les quelques belles idées originales de l'auteur ne suffisent malheureusement pas à créer du liant et de la matière, on reste très à la surface des personnages (on se fiche bien de ce qui va arriver à Harvey ou Ivy) et l’émotion est donc fatalement la grande oubliée de ce premier tome, entraînant dans son absence le suspense et la tension quasi inexistants eux-aussi.
Même les dialogues sont bien moins inspirés que ce que l’auteur a su nous livrer dans d’autres de ses œuvres.

UN « SIMPLE » WESTERN
Au final, Texas Cowboys est un bon western « pop corn » aussi basique que la plupart des personnages qu’il peint. Il se lit avec plaisir sans vous laisser de souvenirs précis en tête si ce n’est le respect et l’envie d’encore qu’impose la balade graphique qu’il vous propose.
Ouaicestpasfaux
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le 19 nov. 2014

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Ouaicestpasfaux

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