Du foutage de ghoul

Parasite est l'histoire d'un jeune étudiant qui un jour est attaqué par une créature non-humaine se faisant passer pour tel. Par un coup de chance, coup du destin, peu importe, il se retrouve être une sorte d'hybride entre les deux. Il va devoir apprivoiser ses nouvelles capacités et réussir à cohabiter avec le monstre qui habite son corps, s'opposer aux autres créatures non-humaines qui le menacent et menacent ses proches et découvrir l'organisation de celles-ci.
Tokyo Ghoul raconte la même chose. Avec une grosse couche de bêtise au milieu et un nappage de simplisme benêt pour améliorer la présentation.

Bon je l'admet, j'ai un peu triché dans cette introduction. Tout n'est pas exactement identique

Mais la lecture de ce premier tome m'y a quand même fortement fait penser.

Pour le contexte et l'anecdote, cette lecture m'est venue en discutant avec une amie, a qui je disais tout le mal que je pensais de l'animé. J'avais eu droit à la sempiternelle réponse de "mais l'animé adapte mal le manga, le manga est tellement mieux, faut le lire, tiens lis les 5 premiers, tu m'en diras des nouvelles".
Ah ben des nouvelles, c'est bon j'ai de quoi lui en donner. Je les ai lu ces 5 tomes...

Ken-avo

On suit donc Ken Kaneki (ses initiales sont donc KK, peut être était-ce un avertissement au lecteur ?) jeune étudiant à la famille soit vachement distante soit disparue dans les limbes de la fainéantise. KK est un nerd, donc il a des lunettes, est un bookworm, est timide mais est pote avec une grande gueule un peu relou nommée Hide, nom Ô combien peu opportun puisque les deux prononciations qui viennent en tête de son nom sont soit
- mal prononcé, à l'anglaise quoi, qui signifie caché. Pour une grande gueule un peu relou...
- correctement prononcé, à la japonaise, qui est un quasi homophone (à une aspiration de H près) de mot "Idée", chose qu'il n'aura jamais dans ce tome
Et surtout KK bave sur une nana qu'il n'ose pas aborder. Et puis si. Et oh, ils sont tout pareil et tout ! Si vous ressentez une soudaine et irrépressible envie de plaquer vos mains contre vos joues, de pencher la tête à 45°C, et de crier "HIIIIIIIIIII", retenez vous par pitié. Pour ma part, je suis plutôt dans l'idée de faire un 360° avec ma tête, de vomir un liquide visqueux et verdâtre tout en proférant quelques insanités à base de génitrice, de pratique buccale proscrite en pleine rue et de lieu de damnation éternelle.
Je coupe, en vrai c'est niais mais ça ne dure que quelques pages donc pas réellement gênant, bim la nana en fait c'est une goule, elle veut le bouffer.
PAF coup du sort, elle crève, KK est salement blessé. On l'emmène à l'hôpital et à l'arrivée, on est obligé de prononcer le décès de la logique.

Rage, et ça repart

KK a un organe foutu. Il va mourir. Il a besoin d'une greffe en urgence de cet organe (ils ne disent pas encore lequel, mais ca sera encore plus goûtu quand on l'apprendra). Que va donc faire le docteur ?
Consulter le registre des greffes et faire une demande prioritaire tout en démontrant l'héroïsme quotidien de ces sauveurs en blouse blanche en faisant tout son possible pour maintenir KK en vie le temps nécessaire ?
Non, il va plutôt enfourcher son cheval blanc, montrer uniquement ses majeurs à toute la médecine et greffer à KK.... l'organe de la morte.
Parce qu'ils sont du même groupe sanguin.

Je...
En fait doc, tu es Marcel Beliveau et tu va dévoiler ta splendide moustache derrière ton masque en criant "surprise" au reste du staff éberlué par une telle idiotie, hein ?
hein ?
HEIN !!!!!
Pour les deux du fond qui ne comprennent pas en quoi c'est con :
- deja juste se baser sur le groupe sanguin pour décréter une compatibilité c'est maigre.J'y connais pas grand chose en transplantation, je sais juste que c'est un peu plus compliqué que ça mais franchement y aurait eu que ça, j'aurais à moitié levé un sourcil et continué ma lecture sans m'en soucier. Mais KK il est du groupe AB. Vous savez ce qui est bien avec ce groupe ? Il est certes très rare mais les membres du groupe sont receveurs universels... donc "plus compatibles" que les autres à la base.
- j'ai récemment appris qu'il était possible depuis une dizaine d'années de greffer certains organes provenant d'une personne décédée. Sous conditions (prélèvement moins d'une heure après arrêt de la réa, etc...). Mais a la lecture je sautais partout de voir Docteur CowBoy greffer des organes de cadavre pour le lol. Disons que la réalité à rattrapé le raccourci idiot du mangaka pour le pseudo-justifier à qui aime bien éteindre son esprit critique.... Parce que Docteur Cowboy, il fait 0 test de compatibilité en dehors du groupe sanguin, il ne vérifie pas l'heure du décès (la fille est déclarée DOA), l'état de l'organe (l'organe est tellement différent qu'il transforme KK en hybride.... normalement y a un truc pas clair qui doit apparaitre au moindre test... mais comme Docteur CowBoy n'en fait pas....), rien....

"Non mais t'as pas besoin de réflechir comme ça voyons, et pis c'est pour lancer l'intrigue et tout"...
oui, oui. Vous pouvez aussi ne pas baser votre intrigue entière sur une connerie, ça évite de passer pour un demeuré. Et autant je suspend ma crédulité avec bonheur dès qu'on me le demande, autant j'ai du mal avec les éléments censé être "réalistes" qui font n'importe quoi.

Et vous voulez la meilleure ?
Le denier clou du cercueil ?
L'organe en question.... vous pensiez à quoi ? Le cœur ? Le foie ? La rate, le pancréas, un autre truc à la con dans le bide qu'on sait pas à quoi ca sert mais apparemment on peut pas vivre sans alors qu'on savait déjà pas qu'on vivait avec ?
Arrêtez de chercher des trucs logiques, merde !!
Non, l'organe qu'il fallait transplanter tellement vite à KK que le doc a même pas été consulter le registre des greffes.... c'est un rein.
Un rein. Un rognon quoi. Vous savez le seul organe qu'on a en double et où on peut tellement bien vivre avec un seul des deux que des gens font DON d'un des leurs en cas de besoin. Le truc qu'on peut supplanter pendant un temps donné (le temps, je sais pas, DE TROUVER UN DONNEUR COMPATIBLE AYANT UN ORGANE SAIN) par une machine à dialyse ?

Au royaume des aveugles, les borgnes ont envie de se crever l'oeil

Bref une fois passée ce premier chapitre de l'enfer, on déroule une loooooooooooooooooooongue session psychologique (en gros KK qui philosophe sur la vie, la mort, l'existence avec un niveau de profondeur digne d'un top TOPITO que le 4e va vraiment vous étonner), qui veut se nourrir, mais en même temps se réfréner, repète chaque pensée deux fois pour être sûr, pis bon une 3e ça mange pas de pain, et jamais trois sans huit, n'a toujours aucune nouvelle de sa famille alors qu'il a failli mourir et se trouve au cœur d'une controverse médicale qui dure au moins 2 cases, perd son visage inexplicablement mais le retrouve la case d'après et...

Quoi ?
Cette histoire de visage ? Oh trois fois rien. J'ai juste oublié un détail. Le manga est laid. Vraiment. Et quand les personnages sont un peu petit, genre pas en gros plan quoi, on ne leur dessine même pas le visage. Juste une touffe de cheveux pour différentier le blond du brun et rouler jeunesse.
On passera sur les combats complétement incompréhensibles, les logiques douteuses

et on le referme avec quelques constatations :

• la fin du tome est un peu moins consternante que le début. C'est pour ça que je trouve quelques points à lui mettre pour l'effort. Et j'ai lu tellement plus mauvais que ce tome que je trouverais ça malhonnête de descendre plus bas la note.


• c'est quand même vraiment con

• les persos sont nuls. KK et ses quotes "Le savais-tu?" est nul, Hide est nul, le méchant du tome pue la merde. Zero attachement, zéro implication.


• le dessin est globalement moche


• c'est quand même vraiment con


• au rayon des qualités, ça se lit vite. Principalement parce que le dessin est moche et qu'on s'en fout. Mais passé "la médecine pour les nuls", on est plus dans la zone du "shônen basique sans intérêt" que dans la zone des grosses purges.

4 a la suite

Vu que j'ai la flemme d'écrire une critique de chaque tome (et puis bon ça serait redonant avec celle là), voici la suite de mes aventures au pays merveilleux de la narration cliché

Tome 2 : c'est déjà un peu plus lisible. C'est toujours loin d'être fou, mais au moins ça se lit. On introduit de nouveau opposants, les colombes, composées d'un psychopathe qui ricane et qui a une gueule de cadavre (ouh là, grosse symbolique ! Le monstre n'est pas celui que l'on croit !! Ca serait original si ça n'avait pas déjà été traité 5000 fois, dont 4900 fois plus subtilement et 4950 fois avec plus de profondeur. Le mois dernier uniquement) et d'un mec propre sur lui et droit dans ses bottes. Je me demande lequel va se faire salement marraver la face et lequel va devenir une voix de la raison coté humain. De ce point de vue

est crispante à cause du psychopathe qui psychopathise à en crever. La scène aurait pu être forte et marquante, mais pour cela, il aurait fallu

• un peu de subtilité dans la psychologie des personnages


• un peu plus d'attachement envers la victime


• 2 grammes de qualité d'écriture

Tome 3 : combats brouillons, personnages secondaires clichés à en mourir (Mado), répétition ad nauseam de chaque pensée pas du tout profonde de KK... C'est toujours très basique, mais comme pour le précédent, les pages se tournent.
Bizarrement mes prédictions du tome précédent se confirment. Ouhlalalala je ne m'y attendais pas.
SInon KK est vraiment transparent au possible. C'est pas un héros, c'est un spectateur.

Tome 4 : A un moment, j'ai eu de l'espoir.
Vers le milieu du tome, on trouve enfin une idée intéressante qui peut éventuellement amener un peu de profondeur à ce récit jusqu'ici vraiment basique (pour ne pas dire bas de gamme).

Agréablement surpris par cela, je me remotive et continue plein d'espoirs....
Pour arriver sur le pire arc jusqu'à présent. Si jusqu'à présent on navigait dans le balisé banal pas très inspiré, là on tombe dans la fosse septique du récit se voulant un peu horrifique.

Du coup la liste de tout ce qui manquait à la mise à mort de la mère dans le tome 2 se retrouve ici, mais en pire.
Tout est plus nul : les victimes, le bourreau, l'écriture. En soi, c'est une progression...
Et cerise sur le tas de fumier : la résolution se fait par un "deus ex machina" crispant de facilité.

Bref un tome qui souffle un peu de chaud pour BEAUCOUP de froid. Lire le 5e va être une épreuve puisqu'il est censé continuer cet arc catastrophique.

Tome 5 : Après la purge que fut la fin du tome 4, je n'ai plus aucun espoir en commençant celui-là. Et évidemment on continue l'arc précédent mais en y mélangeant la bonne idée précédemment citée histoire de la salir. On a le droit a un petit flashback au sujet de cette bonne idée. Pas très long et qui ménage une pause dans l'océan de nullité qu'est la confrontation qui occupe la première moitié du tome. C'est le meilleur passage de ce tome. Malheureusement ça ne déclenche aucune émotion, mais c'est dejà une victoire en soi.
Le combat en soi atteint des sommets d'illisibilité. On dirait que sur chaque case, le mangaka étudie soigneusement le cadre pour le rendre le moins lisible possible. Du coup j'attendais les remarques de KK qui, évidemment NE FOUT RIEN ET REGARDE pour avoir le résultat du fight. Petite lueur dans les ténèbres

ne rend pas trop mal. Ca reste très cliché et ça se résume en "je ne te laisserais pas faire" MANDALE "je ne te laisserais pas faire" COUP MORTEL "je ne te laisserais pas faire" AUTRE COUP MORTEL"je ne te laisserais pas faire" , mais au moins ça met un peu d'urgence dans la scène.
Passée cette confrontation, on a le droit à un flashback... sur Lize. La goule du tome 1, celle a qui on a pris un rein pour "sauver KK parce que personne ne peut vivre avec un seul rein !!! Et vite ne consultons pas le registre des greffes et ne faisons aucun test sur l'organe". Et attention révelation sur ce personnage mort depuis 4 tomes : si Lize dans le 20e arrondissement était une psychopathe qui tuait à tour de bras sans en avoir rien a foutre des autres, on apprend ici qu'avant... elle était une psychopathe qui tuait à tour de bras sans en avoir rien a foutre des autres, mais dans le 11e arrondissement.
Je....
Wouah.
Impressionnant.
La dernière fois que j'ai lu quelque chose d'aussi intéressant, je pense que c'était la durée de cuisson des pates sur un paquet de spaghettis.
Au blé complet les spaghettis.
Ah non excusez moi, c'était plus intéressant, puisque ça m'a permis de manger mes spaghettis al dente, comme j'aime.

la fin du tome se concentre sur de nouveaux inspecteurs qui débarquent, histoire de réintroduire l'inspecteur pas méchant des tomes 2 et 3 qui décidemment aura un rôle à jouer... mais lequel ? Ouh lala je n'en peux plus de ce suspens. Serait-il le pendant de KK chez les humains ? Une voie de la raison au pays des fous furieux ?
Et surtout, un nouvel inspecteur psychopathe totalement taré pour avoir un nouveau méchant cliché parce que c'est exactement ce dont ce manga manquait depuis au moins 3 chapitres.

Voilaaaaaa, c'est pourri

Arrivé au bout de mon chemin de croix de 5 tomes un constatation s'impose :
souvent en lisant une série, on remarque une évolution dans le travail de l'auteur. De meilleurs dessins, une histoire plus fouillée, plus dense, des personnages mieux définis.
A sa manière, Tokyo Ghoul se démarque puisqu'à l'exception notable du tome 2, qui reste le meilleur de ces 5, chaque tome réussi l'exploit d'être plus mauvais que le précédent. Chaque adversaire est plus mauvais que le précédent.
E le tome 5 introduit avec bonheur les FLASHBACK !!! Il ne manquait plus que cela pour s'assurer d'avoir la collection complète des clichés chiants des shônen sans idées.

Ce n'est pas la pire chose que j'ai lu, ni en règle générale, ni en bd, ni en manga, ni en shônen.
Mais c'était quand même salement mauvais.

Et une question se pose : comment ce truc a t il pu avoir autant de bons retours ? C'est quand même consternant à quel point c'est basique et sans imagination.
A moins que... a moins que, comme cette horreur lovecraftienne qu'est Sword Art Online, il y ait un public pour les mangas ultra basiques ne fonctionnant qu'au cliché sans aucune idée intéressante ?
En fait, Tokyo Ghoul, c'est comme une série CW : c'est du bas de gamme de consommation courante, mais le bas de gamme de consommation courante a une qualité : ça s'ingère sans effort.

PS : vu la longueur de ce texte, si vous en êtes arrivé au bout, vous avez quand même du courage pour vous être tapé autant de lignes de rage. Ou alors vous avez aussi peu apprécié ça que moi que mon texte aura fait office de bon défouloir.