Avec Tom Strong, Alan Moore s’amuse à retourner aux sources du pulp et de la science-fiction classique pour en proposer une relecture lumineuse, généreuse et étonnamment optimiste. Là où ses œuvres les plus célèbres décortiquent les mythes pour mieux en révéler la noirceur, Tom Strong assume au contraire une dimension aventureuse, colorée, presque candide, comme un hommage aux serials et aux comics d’Âge d’Or.
Tom, enfant élevé dans une chambre de pression et nourri au goloka par deux scientifiques marginaux, devient un héros polymathe, explorateur de mondes parallèles, opposant de savants fous, compagnon de robots sarcastiques et de familles presque parfaites. Moore ne cherche pas tant la subversion que la célébration : chaque épisode est construit comme une petite capsule d’imagination rétro-futuriste, bourrée d’idées, de clins d’œil et de variations de genre.
Le dessin de Chris Sprouse, d’une clarté exemplaire, est parfait pour cet exercice : lignes nettes, élégance narrative, dynamisme sans excès. On respire dans ces planches — tout est lisible, fluide, précis, ce qui donne à l’ensemble une sincérité rare dans le comics moderne. Cela participe énormément au charme de la série.
Si Tom Strong manque parfois de tension dramatique ou de profondeur émotionnelle — l’univers est si propre, si idéaliste, qu’il peut sembler un peu sage — il reste un pur plaisir d’aventure, une série qui valorise l’intelligence, la curiosité et la fantaisie plutôt que la violence ou le cynisme. Moore y démontre qu’il peut être lumineux sans être simpliste.
Résumé
Une aventure pulp brillante et chaleureuse, inventive et limpide, un Moore étonnamment joyeux.
💫 Un retour délicieux aux merveilles d’hier, avec le savoir-faire d’aujourd’hui.