L'ennemi de mon ennemi est mon ami ? Ou bien mon ennemi ?


On m'a toujours dit qu'il n'y a pas plus sale gueule qu'un orc ou un gobelin. Mais ce que je découvrais la aurait fait passer le pire d'entre nous pour un bellâtre ! Ces choses-là ! C'était sacrément moche et ça suintait la pourriture ! Je ne voulais surtout déranger personne, mais allez savoir pourquoi, c'est quand vous faites tout pour être silencieux que vous devenez maladroit... Et merde ! Ça ne parlait pas, mais l'hostilité des affreux était limpide, ... Communicative ! J'ai donc écouté mon instinct et j'ai cavalé en sens inverse. Vu les grognements, et le vacarme, il était inutile de me retourner pour savoir qu'on en voulait à mon cuir !



Jean-Luc Istin sous les éditions Soleil, après les succès des sagas Elfes et Nains revient avec Orcs & Gobelins pour se greffer en parallèle autour d'une saga de bande dessinée très prolifique centrée sur le gigantesque univers des Terres d'Arran. Une épopée d'héroïc fantasy généreuse, sur un scénario qui pour l'occasion laisse la part belle aux êtres les plus méprisables et vils du monde médiéval fantastique. Orcs & Gobelins, tome 1 : Turuk, frappe fort dès le premier volume en présentant un huis clos horrifique fantastique situé sur une île perdue au milieu de l'océan, où 4 guerriers (une elfe et 3 orcs) n'ont d'autres choix que de cohabiter et de faire équipe malgré leur différence en se barricadant dans une tour d'horloge, pour nuit après nuit repousser des hordes de créatures de la nuit repoussantes. Un survival horror d'ambiance qui fonctionne par le biais d'une histoire originale et divertissante qui parvient à conjuguer habilement un récit haletant avec une dimension psychologique qui saisit le lecteur de la première vignette, jusqu'à la dernière, à travers un rythme vigoureux. Un périple captivant qui dès le départ pose un contraste énigmatique inquiétant rapidement rejoint par des moments de tension et de suspense intenable avec des personnages assiégés qui savent que le moindre relâchement peut leur être fatidique.


Les mises en situations périlleuses sont nombreuses, à travers un jeu du chat et de la souris savamment entretenue, découlant sur un récit de survie pure et dure à travers une arène fascinante offrant le meilleur des terrains de jeu pour cette pièce horrifique efficace, servi par un dénouement inattendu qui contredit les conclusions habituelles du genre. Un huis clos intelligent qui esquive les clichés et les invraisemblances grâce à des personnages satisfaisants qui émotionnellement fonctionnent ensemble grâce aux rapports qu’ils entretiennent et qui esquivent adroitement la naïveté d'une présumé amitié inter-espèce qui se serait créée dans la douleur et le chaos. Turuk, en tant que semi Orc/semi Elfe offre une première entrée en la matière habile et implacable dans l'intimité de cette race violente. On explore la simplicité et la complexité qui alimente le raisonnement des Orcs, et plus particulièrement celle de Turuk qui se sert de sa belle gueule héritée de son sang elfique pour tromper son entourage. Accompagné de l'imposant Rondar'r, surnommé '' Fléau '' à cause de son arme fétiche, ainsi que de Firr, formidable pisteur râleur et hargneux, ceux-ci forment un trio d'Orcs percutant. Dalyam, en tant qu'elfe Sylvain amène un véritable plus à la construction dramatique du récit de par sa relation complexe avec Turuk.


Les créatures composant les antagonistes de cette fresque fantastique angoissante sont particulièrement bien conçues. Créatures provenant de l'elfe noire Lash'saa qui dans les tomes 6, 11,13 et 16 de la saga Elfes, a envahi une partie des Terres d'Arran avec son armée composée de goules qu'elle utilise comme des marionnettes. Des zombies hybrides qui craignent la lumière car elle les fait rêver de leur vie passée, ce qui leur procurent des souffrances en voyant ce qu'elles sont devenues. Une particularité qui offre au cadre un champ atmosphérique austère important avec une utilisation du jour et de la nuit qui a vraiment son importance. La nuit, c'est le territoire des goules, le moment où le chasseur devient la proie. Le jour, l'instant où les morts dorment laissant le temps pour nos héros de rentrer dans les maisons pour y effectuer des fouilles afin de se préparer à survivre une nuit de plus. Les dessins et les couleurs de Diogo Saito offrent une esthétique agréable avec un jeu de lumières saisissants qui favorise un contraste angoissant. Une bande dessinée visuellement superbe que ce soit sur les traits du quatuor, des créatures, ou encore des décors avec la prison d'Armuhr située au cœur de la forêt de Daedenn, ou bien L'île d'Iruan située au Sud-ouest de la Lombardie, là où se joue la trame principale. Une énorme ville détaillée et riche que l'on explore jusqu'au souterrain labyrinthique qui réserve un final inattendu qui prend des risques et qui risque de faire des déçus.



CONCLUSION :



Orcs & Gobelins, tome 1 : Turuk, des éditions Soleil offre une première entrée en la matière percutant pour la race obscure des créatures démoniaques des Terres d'Arran. À travers une fluidité agréable et un dynamisme appréciable, le lecteur est plongé dans un véritable survival horror d'héroïc fantasy qui réserve quelques surprises.


Un récit d'horreur sur les Terres d'Arran, quoi de mieux pour attaquer un récit avec une nouvelle caste familiale arpentant cet univers.



Je cavalais avec l'espoir au bide. Et puis, forcément, on m'a fait une mauvaise surprise. La retenir avec de faux arguments aurait été pathétique. Ça m'a traversé le caberlot un instant pour finir en soupir vain. J'ai toujours été un beau salopard mais je n'ai jamais cédé au pitoyable. On n'a beau être qu'un semi-orc, on a sa fierté. Fallait être lucide, j'avais perdu la partie et elle avait rempli sa mission : éliminer trois orcs fugitifs. Mais tout de même, qu'on se le dise... Quelle foutue poisse ! Quelle journée de merde ! Et surtout... Quelle salope !


Créée

le 4 avr. 2022

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