La grande Odyssée du petit pêcheur breton

Lupano : ma dernière découverte de grande qualité dans le monde de la BD. La découverte remonte à il y a à peu plus deux ans, quand je suis tombé par hasard sur Le singe de Hartelpool, juste parce que la couverture m'avait tapé dans l'oeil. Une révélation ! Ensuite, je me suis laissé tenter par Les vieux Fourneaux, dans un style très différent. J'ai adoré le premier tome, le second ne m'a pas déçu non plus.

Aujourd'hui c'est au tour d'Un Océan d'amour.

Sa couverture puait la sardine dans le magasin de BD et sa couleur huileuse ne laissait présager que du bon. Rien qu'avec la quatrième de couverture, on a déjà envie de rire, même si l'on n'apprend pratiquement rien sur l'histoire à proprement parler. Un vrai détournement du principe du résumé incitatif. Pourquoi je m'étends sur ce détail ? Eh bien parce que c'est l'unique texte que le lecteur aura à se mettre sous la dent de tout l'ouvrage. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, j'apprécie aussi les BD muettes, mais j'admets qu'avec un spécialiste du dialogue tordant comme Lupano, je me suis demandé : à quoi bon s'imposer le silence comme ça ? N'est ce pas un peu gâcher son talent que de ne pas lui laisser libre cours ? En clair ce que j'essaie de dire c'est que ce doit être un exercice particulier pour un scénariste de travailler sur un projet muet. On doit se sentir vachement bâillonné, surtout lorsqu'on bosse avec un dessinateur qui se taille la part du lion puisqu'il compense par ses illustrations l'absence de dialogues.

Mais soit, ce qui compte, c'est que comme les précédentes, cette BD est à nouveau une pure réussite. Un petit pêcheur breton, usé par les années, part en mer. Or la virée tourne au désastre à cause d'une multinationale qui laboure les océans à coups de paquebots gigantesques raflant tout sur leur passage. Y compris la maigre embarcation de notre pauvre petit pêcheur. Le voilà embarqué dans de beaux draps, notre petit pêcheur. Bien entendu, son odyssée sera prétexte à quelques critiques acerbes et bien senties à propos des dégâts causés par la société humaine, qui pourrit avec tant d'ingéniosité la terre comme la mer.

Et voilà ! Le pari est remporté avec succès et sache Lupano que je t'accorde une confiance presque aveugle pour ta prochaine parution !

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le 5 nov. 2014

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Lalo Cura

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