Ce coup-ci, je vais laisser de côté la BD franco-belge bien de chez nous pour le Nouveau Monde et ses comics avec Space-Mullet !.
Pour commencer par le commencement, Space-Mullet ! est un comics dessiné et scénarisé par Daniel Warren Johnson, un auteur qui s'est notamment illustré avec l'excellent Green Leader, un fan-comics Star Wars (foncez, vous dis-je, c'est du très bon). Donc, pour en revenir à nos moutons électriques, Space-Mullet ! a été originellement publié sur le site de l'auteur entre 2012 et 2014 et a commencé à être publié sur format papier tout récemment en France.


Voilà pour la présentation, passons au pitch.


Ambiance.


Space-Mullet !, comme la première moitié du titre le laisse si subtilement suggérer, est un comics de science-fiction racontant les aventures de Jonah, un déserteur des marines de la Terre Unifiée dont la coupe de cheveux donne son nom à l'autre moitié du titre (vous savez, la coupe de Jean-Brian le docker de Dunkerque), et d'Alphius, son copilote Zozobian, des routiers de l'espace enchaînant les petits boulots tout en affrontant pénuries de papier toilette jusqu'au jour où Jonah se voit rattrapé par son passé et proposer un travail qui lui permettrait de se blanchir aux yeux de la Terre Unifiée.. S'en suit une aventure intense avec gangsters galactiques et toutes sortes d'ordures des étoiles.


C'est que ça a l'air bien plaisant tout ça, mais qu'en est-il des qualités de l'ouvrage ?


Eh bien je dois admettre que j'ai été plutôt (très) séduit par ce premier volume des aventures de Jonah et Alphius.
Le premier gros point positif que je trouve à Space-Mullet ! est le dessin, parce qu'avec ce comics on a quelque chose de très intéressant graphiquement. Le trait est fluide, très agréable à regarder, assez organique et fourmillant de détails (le cockpit du vaisseau de Jonah, New Mars City..) tout en restant relativement simple (il y a des fois où le dessin se fait plus sobre, moins chargé en détails).
La mise en scène est efficace et dynamique, les cases s'enchainent comme si c'était un layout de film d'animation, surtout les scènes de baston qui font vraiment ressentir la violence et l'intensité du combat (et une violence graphique : ça démembre, ça éclate des crânes, c'est le festival de l'hémoglobine). Y'a pas à dire, c'est impressionnant, c'est violent, c'est puissant.
Et puis l'encrage, le choix de colorisation (à savoir en noir et blanc nuancé de bleu) donne une certaine ambiance au récit.
Pour l'instant je n'ai parlé que des qualités graphiques et artistiques de Space-Mullet ! mais je ne vous ai pas encore tout dit. Là où ce comics fait fort, c'est dans les références : le lecteur amateur de science-fiction à l’œil attentif se fera un plaisir de déceler toutes les petites références aux grandes œuvres de la SF qui se cachent un peu partout dans le récit, je pense notamment à un certain passage qui m'a carrément rappelé Starship Troopers et à un autre où on peut apercevoir la corvette Coréllienne de la princesse Leia dans Star Wars. Y'a même du rollerball, pour vous dire. Les personnages principaux, Jonah et Alphius, rentrent dans la grande tradition des cow-boys et des camionneurs de l'espace comme l'équipage du Faucon Millenium ou celui du Nostromo. Alors oui ce sont des archétypes, mais franchement, tout le monde aime les marginaux de l'espace dans leurs vieux coucous (n'allez pas me dire le contraire) et puis le space opera et le western forment l'un des mariages les plus heureux qui soient. L'espace est aussi impitoyable que le Far West avec ses bons, ses brutes et ses truands.
A la lecture, on sent bien que l'auteur est un grand fan de science-fiction et Space Mullet ! est sa déclaration d'amour à ce genre.
Ensuite, pour ce qui est de la construction du récit et des personnages, il n'y a pas grand chose à redire. L'intrigue est intéressante, le lecteur est vite plongé dans l'univers impitoyable et fascinant de Space-Mullet ! car l'auteur a su suffisamment doser ses références et ses hommages pour construire une ambiance propre à son œuvre, les pointes d'humour sont efficaces, les personnages sont attachants et hauts en couleur... Bref, c'est un bon moment de BD.


Je sens venir un « mais ».


Mais.
Néanmoins, tout n'est pas parfait dans Space-Mullet !. Il y a des défauts, mineurs et qui ne nuisent pas trop à la qualité générale de cet ouvrage, mais des défauts quand même parce que rien n'est parfait. Par exemple, les plus grincheux reprocheront le côté archétypal des personnages que j'avais déjà évoqué précédemment (ce qui est stupide, un archétype bien manié peut donner naissance à des personnages géniaux -Han Solo est dans la grande tradition du cow-boy-).
Mais ce que je reprocherais le plus à Space-Mullet !, du moins à ce premier tome, c'est le peu de place donné à certains personnages qui font leur apparition dans la seconde moitié de l'album comme Peggy Sue et Howard. Pour le coup c'est assez subjectif, mais j'aurais aimé les voir un peu plus, mieux les connaître. Cela sera sans aucun doute rattrapé dans le prochain tome.
Pour le reste, toujours en lien avec l'édition et le délais de publication, il y a une légère frustration à la fin parce qu'on a l'impression que ça s'arrête un peu tôt car le récit est tellement prenant que l'on a envie que cela continue (mais est-ce vraiment un point négatif alors ?). On reste un peu sur notre faim.


Pour conclure, je dis oui à Space-Mullet ! qui m'a bien convaincu avec ce premier tome, je le recommande vivement aux amateurs de science-fiction et de bande dessinée en général parce que ça vaut vraiment le coup et parce que c'est un bon moment de lecture à passer.
Pour ma part, j'attends avec impatience la sortie du tome 2 !

Baheuldey
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le 29 juil. 2016

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Baheuldey

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