Utsupan – quand je ne pensais qu’à disparaître est né de la souffrance de son auteure, ancienne dépressive chronique. Écrivant sous pseudonyme et se représentant graphiquement sous la forme d’un petit panda, Ariga déroule le récit de sa maladie, de son apparition à son installation en passant par sa progression larvée dans son esprit et sa chair. A travers son cas personnel, elle éclaire la dépression, un terme désormais passé dans le langage courant (et utilisé ad nauseam par le commun des mortels) mais une maladie encore mal comprise par le grand public. Faisant son lit d’un échec scolaire, un problème relationnel, une pression sociale et/ou une mésestime de soi, ce trouble mental est telle une ombre dense, avalant la moindre humeur positive chez son hôte dont les capacités de raisonnement sont dès lors altérées. Les idées noires et pensées suicidaires s’enracinent ensuite dans l’esprit du malade : un cordon d’alimentation ou la vue d’un balcon suffisent chez ce dernier à échafauder de sinistres scénarios aux sombres desseins. A travers son cas personnel, l’auteure met également en lumière les défaillances systémiques retardant le détection et l’accompagnement des personnes en souffrance au Japon, pays notoirement connu pour son taux élevé de suicide – notamment chez les jeunes. Par cet honnête autoportrait et la rémission sur laquelle il s’achève, Utsupan est un manga dont la pesante lecture se révèle être d’utilité publique.