Vous connaissez l'histoire : au début des années 90, un groupe de dessinateurs phares de Marvel quittent le navire pour fonder leur propre maison d'édition. Chaque auteur lance donc ses séries avec des héros inédits, et chacun connaît des destins différents. Todd McFarlane lance Spawn, qui continue encore aujourd'hui, toujours chez Image, pareil pour Erik Larsen et son Savage Dragon (dont il fait le scénar et les dessins depuis le début contrairement à McFarlane qui n'a pas hésité à déléguer sur Spawn), Jim Lee lance lui WildC.A.T.S. et l'univers Wildstorm qu'il revendra plus tard à DC Comics, Marc Silvestri lance Cyberforce qui sera rebooté plusieurs fois et le label Top Cow, Jim Valentino lance Shadowhawk qui n'a pas eu un destin incroyable et donc pour en revenir à nos moutons il y a Rob Liefeld qui lance lui Youngblood, le premier comics d'Image Comics (et aussi d'autres séries par la suite dans son propre label). Mais avec le temps, Liefeld se barrera d'Image et à la suite d'imbroglio avec ses partenaires commerciaux au fil des années, il ne possède désormais plus les droits de Youngblood, qui sont donc des comics qui sont devenus un peu compliqués à trouver, notamment en VO. Heureusement en VF, tout le monde se fout un peu des revues Semic de l'époque qui peuvent encore se trouver en occasion à pas trop cher pour les curieux, comme moi.


Je suis trop jeune pour avoir suivi les débuts d'Image à l'époque, mais il y a quelques mois j'étais pris d'une soudaine curiosité envers les débuts d'Image. A la base je n'avais pas prévu de lire Youngblood parce que je ne suis pas vraiment fan de Liefeld, mais en lisant les débuts de WildC.A.T.S. et de Spawn où l'équipe était citée à chaque fois et où ils apparaissent même en guest-stars, j'ai eu envie de lire la série pour essayer de mieux comprendre le concept de cette équipe et qui étaient ces persos.


Liefeld est un auteur très particulier, parce que c'est à la fois une superstar des comics qui à eu des succès commerciaux faramineux à l'époque et qui a créé des persos cultes chez Marvel (Deadpool, Cable et Domino principalement), mais c'est aussi un auteur hyper décrié et très souvent moqué pour ses incroyables maladresses de dessins. Là je vais le basher parce que j'ai vraiment pas aimé ce n°1 de Youngblood, mais c'est toujours intéressant de lire du Liefeld en se demandant pourquoi son style plaisait autant à l'époque, qu'elles en sont les qualités. On s'en rend mieux compte en lisant ses X-Force qui sont un peu plus réussis, mais il y a une vraie énergie qui se dégage de ses comics, pas si éloigné (mais en clairement moins bien) de ce que pouvait proposer Kirby. Et je pense qu'étant très jeune quand il a commencé, il a vraiment saisi la zeitgeist de l'époque et il y a une vraie énergie juvénile dans ses persos et ses comics, qui a dû parler au lectorat adolescent.


Mais bref, rentrons enfin dans le vif du sujet de Younglood n°1. Je ne m'attendais pas à grand chose, mais ce premier numéro de la revue Semic consacrée à l'équipe est une catastrophe. L'éditeur français n'aidant pas en ayant décidé de publier ici l'épisode 0 et un bout de l'épisode 1 coupé un peu n'importe comment en plein milieu.


De ce qu'on comprend dans ce numéro, les Youngblood sont des escadrons de super-héros répondant directement aux ordres du gouvernement américain. Ils sont aussi bien employés face à des menaces à domicile type super-vilains que dans des missions spéciales de la guerre du Golfe. Et c'est visiblement clairement des figures de propagandes vu qu'ils ont l'air de personnages très médiatisés.


C'est un twist par rapport aux super-héros des Big Two, qui sont souvent plus indépendants vis à vis du pouvoir américain, qui pourrait être intéressant. On pourrait facilement partir sur une critique de l'impérialisme américain, mais c'est Liefeld qui écrit, donc c'est très premier degré. Même s'il y a quand même quelques dérives qui sont pointés dans l'épisode #0, notamment des expérimentations pas très éthiques du gouvernement et de l'armée parmi les Youngblood.


L'épisode #0 a en outre la particularité d'être en partie dessiné par Dan Fraga, qui est tellement mauvais que les pages de Liefeld paraissent belles à côté. C'est bien simple, entre les dessins maladroits de Fraga et le scénario très mal écrit et très mal raconté de Liefeld, on a l'impression de lire une BD amateur un peu bancale, et pas du tout l'œuvre d'un artiste superstar de l'industrie. On a donc d'un côté les dessins ratés de Fraga et de l'autre Liefeld qui a décidé arbitrairement de faire que des pages où il faut tourner le bouquin à 90° pour les lire, c'est totalement improbable.


On arrive ensuite à notre bout d'épisode #1 de Youngblood. Et c'est un peu comme pour les débuts de WildC.A.T.S. : on nous explique pas grand chose, on nous balance trois tonnes de persos très mal présentés et mal caractérisés, on change de scène très souvent et on comprend rien des enjeux. Liefeld a engagé un type pour dialoguer cet épisode mais Kanalz ne propose que des dialogues complètement insipides. Nicieza avait du mal à faire des miracles sur les textes d'X-Force, mais là c'est pire. Le tout sur des scènes d'action d'une vacuité totale.


Bref, c'était nul.

arnonaud
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le 22 oct. 2022

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arnonaud

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