James bond, c'est un sur 2. Dommage, Spectre est tombé du mauvais coté de la sinusoïde. C'est assez surprenant, d'ailleurs, qu'après avoir réussi un très bon Skyfall, Sam Mendes se plante à ce point. C'est comme si, après a voir chargé le Bond de Craig d'intensité dramatique et émotionnelle (parfois un peu trop), il en avait eu marre et décidé unilatéralement de saloper sa trame et ses personnages. Attention ça spoile un peu.
En résulte un bad guy d'une platitude absolue, à la motivation et au personnage torchés sur un ticket de carte bleue, à la tête d'une organisation supposée au sommet de la chaine alimentaire des méchants, mais qu'on ne verra pas, à l'exception d'une mémorable scène à Rome.
Christoph Waltz se fait visiblement chier, sans doute pas entièrement convaincu par le fait de monter le Valhalla du crime pour se venger de James Bond qui lui a volé l'affection de son père. Ah non, il est aussi "visionnaire". Visionnaire de quoi, on ne le saura pas, à part une vague histoire de tentation sécuritaire pour faire style d'être en prise avec l'air du temps.
On assistera donc aux pérégrinations de James Bond à travers le monde, toujours aussi mal justifiées mais on commence à avoir l'habitude, à la recherche d'un mec qui a de toute manière décidé de lui faire la peau, au point d'en oublier son masterplan.
Heureusement qu'il lui reste un exec assistant en la personne de Andrew Smith, pas forcément mieux écrit, mais qui révèle de nouveau son mimétisme étonnant avec la fouine perverse. Un régal.
Malgré lui et un Ralph Fiennes plutôt pertinent, la grosse cagade de ce film est française. Mme Seydoux, c'est à vous qu'on parle. Passe encore qu'on vous ait rajouté au scénario à l'arrache et que vos interventions soient plus inutiles que vos fringues pour aller crapahuter dans le désert, mais si vous pouviez au moins faire l'effort de vous intéresser au film, ça sera déjà ça.
C'est bien dommage, quand même, parce que ce que ce film fait bien, il le fait vraiment bien. Sam Mendes sait quand même diriger un truc qui a de la gueule, avec le plan séquence syndical (mais qui marche bien), des scènes d'actions de qualité, et quelques trouvailles visuelles comme le bâtiment en ruine de la fin (trouvaille qui restera désespérément ignorée par le génerique, sans doute sous-traité et d'ailleurs plutôt mauvais). Mais il paye le fait d'avoir fait tomber son scénariste dans la cuvette des chiottes. De fait, un James Bond plutôt honnête (toutes les cases sont cochées, certaines avec plus de talent que d'autres), mais qui rate le décollage vers un bon film et tend dangereusement vers l'actioner génerique.
Triste pour la probable dernière sortie de Craig, qui aura imposé son Bond frigorifique et limite nazi (mais avec des fêlures). Je souhaiterai que le prochain soit un couillon intégral qui se fout de la gueule de ses supérieurs, passe son temps à picoler et ne réfléchit pas avant de se jeter dans les pires situations possibles. Oh wait...