Après Skyfall, l'un des chefs-d'oeuvre du cinéma d'action de ces dernières années, l'équipe Mendes-Craig revient avec cet opus décevant. Evidemment, le plaisir de base est là, on ne s'ennuie pas et le film est d'une très bonne tenue. Seulement, on avait déjà ce sentiment-là avec Mission:Impossible 5 il y a quelques mois...et que que c'était mieux fait. Sam Mendes s'est visiblement amusé avec ses caméras, ses décors et ses éclairages et ne s'est aucunement soucié de son scénario, qui accumule les clichés et les invraisemblances.
Bon, évidemment, ça va pas mal spoiler dans cette critique.
Le film commence donc par une scène se déroulant lors de la Fête des Morts de Mexico et c'est la meilleure scène du film. Ce plan-séquence virtuose (peu importe si Mendes a triché ou non) impressionne par sa gestion du rythme, installe une ambiance immersive et se finit par une scène d'action de toute beauté.
On trouve de nombreux autres points positifs:une très bonne réalisation, une photographie qui joue superbement sur les éclairages (le film baigne dans un clair-obscur onirique de très bon goût) , et sur les couleurs (contrastes Tanger/Alpes/Londres/Rome). Cependant, le manque d'un Roger Deakins à la photo se fait quand même sentir (niveau beauté formmelle, rien dans Spectre n'égale les séquences de Macao et surtout de Shanghai qu'on trouvait dans Skyfall). Les acteurs sont également très bons, surtout l'équipe de Londres (Naomie Harris, Ben Whishaw et bien sûr Ralph Fiennes). Daniel Craig et Léa Seydoux forment un couple à l'écran très photogénique qui évoque le romanesque du cinéma d'antan.
Car en effet, Spectre évoque le cinéma d'antan:hommage au Testament du Docteur Mabuse de Fritz Lang ( le plan des arbres à Rome qui évoque la poursuite finale du Lang, l'organisation secrète qui évoque le système Mabusien, et enfin la scène finale dans le repère de Blofeld ) et surtout de La Mort aux Trousses de Hitchcock. L'accumulation de codes serait-il une invitation de croire au cinéma "premier degré", de retrouver le charme du cinéma d'antan. Parfois ça marche:on suit avec plaisir ces acteurs "classe" déambuler dans tous les coins du monde.
Malheureusement, tout cela sonne faux.
Accumulation de clichés:
Christoph Waltz qui surjoue le méchant suave.Il est d'ailleurs tellement incompétent involontairement qu'il ferait un bon personnage de parodie .
Son trauma d'enfance qui explique ses actions est débile et ridicule:on se demande d'ailleurs ce que le méchant de Skyfall fait sous les ordres d'un tel pantin.
Le politicien véreux qui dit qu'il n'aime pas la démocratie pour montrer qu'il est très méchant(quoique le message et les références à Orwell sont plutôt louables).
Le méchant qui torture avec des poisons inopérants, qui a un sbire qui est une brute débile comme on en a tant vu, qui à chaque fois laisse le héros s'en sortir, qui va lui-même sur les lieux de l'action sans aucune raison,qui se fait avoir de façon VRAIMENT débile.
L'apparition de vieux gagets qui font rire aujourd'hui.
Et enfin,le film s'appelle Spectre, non? Donc on est en droit d'en savoir plus? Eh bien on n'apprend strictement rien sur les motivations de cette organisation.On n'apprend juste qu'ils sont dirigés part un méchant qui est méchant parce qu'il est méchant.
Le film piétine. Heureusement que la mise en scène du film de Mendes est assez rythmée pour empêcher le spectateur de s'ennuyer.
Et ce raccrochage des autres opus est plutôt maladroit.
Le message sur la surveillance totale est, par contre, complexe et intéressant.
Pour finir, le film est agréable à suivre, mais ne marquera pas comme le précédent opus car le scénario n'a pas été assez soigné. Le film devient vite bancal et inégal. Cependant Mendes n'a pas perdu la main en terme de réalisation.