Je me suis rendu au cinéma avec un sourire aux lèvres. J'ai toujours aimé les James Bond, toujours. J'ai toujours aimé ces atmosphères élitistes, ces beaux lieux, ces belles personnes, ces courses poursuites et aussi les nombreuses scènes intimes. J'aime le personnage, aussi. Un homme sombre, qui gagnait en profondeur à chaque nouvel épisode de sa longue saga. C'était en tout cas le cas pour moi a partir de Casino Royale, mon James Bond préféré, d'une part pour ses décors grandioses d'Europe de l'Est et d'autre part pour la présence magnétique d'Eva Green dont la beauté de glace emplit l'ambiance.
Néanmoins.
Le monde attendait énormément de Spectre. Il s'agissait là d'une tâche particulièrement hardie que d'égaliser, si ce n'est plus, le précédent, Skyfall. Skyfall, qui est considéré par beaucoup comme le meilleur d'entre eux pour son rythme maîtrisé et la dimension plus humaine et accessible qu'il a su donner à notre héros. On a eu là un James Bond déraciné, presque sensible. Tout l’enjeu était donc de faire honneur à ces nouveaux aspects de sa personnalité dans Spectre. Un but non atteint pour moi.


Le film s'ouvre avec brio sur une très longue scène festive en plein centre de Mexico. Un filtre jaune, lumineux et intense surprend nos yeux qui s'étaient habitués dans l'épisode précédent à des plans aseptisés et faiblement saturés. La scène est esthétiquement irréprochable. Tout est vivant, tout est rythmé et on remplit même l'admirable pari d'un plan séquence qui s'allonge sur ce qui m'a semblé être plusieurs minutes. Seulement, cette réussite ne perdure pas. Très vite, on rentre dans les structures un peu entendues du blockbuster d'action. On nous en met plein les yeux. Explosions, combat à mains nues dans un hélicoptère qui tangue. Autant que les premières minutes ont un timing maîtrisé, celles qui suivront et qui s'étireront sur le plus clair du film seront mal rythmées. Des scènes de poursuites trop longues, des scènes d'amour qui arrivent trop vite, un méchant sous représenté. Un des autres faux pas du scénario est son profond manque d'intimité. En effet, les dialogues semblent bien souvent trop vite expédiés pour laisser la porte ouverte à toujours plus d'effets spéciaux et de scènes d'actions. On nous laisse à peine entrevoir la beauté de Monica Bellucci, dont pourtant le personnage attise la curiosité. Elle semble être un simple prétexte, au final, pour une de ces scènes de sexe édulcoré qui viennent ponctuer maladroitement le récit. De tous ces défauts qui s'accumulent résulte une impression de lenteur. Le film semble trop long. Il a tenté en vain de briser les codes de la saga, mais ne nous offre qu'une interprétation incomplète, qui nous laisse un goût de pas assez allant de paire avec l'ennui d'un film d'action trop long. On en vient simplement, au fil des différents points cités, à se demander ce que l'on regarde.

Arpad_Antoniett
5
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le 24 nov. 2015

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