J'étais déjà pas fan de James Bond...

Bon, une petite critique sans philo - tristesse, mais en même temps, c'est pas Spectre qui va prêter à l'analyse philosophique, pardon - parce que quand même je me dois d'avertir les générations futures afin qu'elles ne fassent pas la même erreur que moi. Si vous avez envie de voir ce film, je sais pas, allez vous balader en forêt, faites du poney, cassez-vous une jambe, mais ne laissez pas les démons qui ont pondu le scénario de ce film vous voler deux heures de votre vie.

Le seul intérêt ? Un film sur une série d'attentats déclenchés dans le but de jouer sur l'émotion des pays pour mettre en place un système de surveillance des population tombait fort à propos après le 13 novembre, j'ai au moins apprécié l'ironie de la chose. Mais bon, Sam Mendès n'y est pour rien, faut pas déconner. Sauf si... ET SI TOUT CECI ETAIT UN COMPLOT JE VOUS LE DEMANDE ?

Plus sérieusement. Je replace les choses dans leur contexte : je n'aime pas James Bond. Je me suis toujours ennuyée comme un rat crevé devant les vieux (les vieux JAMES BOND HEIN, pas les vieux tout court, je n'oserais pas le dire à voix haute), et c'est le seul récent (c'est-à-dire avec Daniel Craig) que j'ai daigné voir. Seulement parce que j'aime Christoph Waltz plus que de raison, et Andrew Scott de même, et que je me disais qu'un film avec WALTZ ET SCOTT en méchants ne POUVAIT PAS se planter. Je n'arrivais même pas à le concevoir. Bah merci à Sam pour avoir élargi le champ de mon imagination en fournissant un contenu intuitif à un concept que je ne pouvais pas croire. Je ne vais donc pas m'attarder sur des points que des fans de James Bond soulèveraient beaucoup mieux que moi. Certains diront que je n'ai pas apprécié le film parce que je ne suis pas assez immergée dans l'univers, ces gens-là font preuve d'une mauvaise foi bien déplorable si vous voulez mon avis. Bref, je vais m'en tenir a ce qui m'a choquée (et déçue) en tant que spectatrice plus ou moins étrangère à la franchise (dans la mesure où on peut être étranger à une référence aussi culte que James Bond).

Premièrement, les scènes d'action sont d'un ennui navrant. Je me suis endormie, je déconne pas. En pleine scène d'action. La seule autre fois où ça m'est arrivé - je crois - c'était pour l'immonde merde de Ridley Scott sur Moïse et Pharaon. Alors je ne suis pas spécialiste de ciné, je ne saurais pas vraiment vous expliquer pourquoi. Peut-être parce qu'elles sont inutiles ? Par exemple les acrobaties dans l'hélico au début alors que, James putain, t'avais pas à défoncer la gueule du PILOTE ! Et puis pour avoir conduit des hélico dans GTA, même avec tout le skill que tu veux, tu reprends pas le contrôle comme le fait James, sauf si t'es Magnéto, à la rigueur. Autre raison : parce qu'elles sont vides et plates ? Comme le train sans passagers, la course-poursuite en voiture sans circulation (pour avoir joué à GTA, ça n'arrive JAMAIS) ? Parce qu'elles n'ont pas d'enjeu dans le sens où pas une seule fois James Bond ne se retrouve en danger ?

Parlons très rapidement de Bond : si j'ai bien compris, Spectre est censé être le point d'orgue de la série, le climax, la résolution de plusieurs films. Pourtant, ici, niveau chara development, James Bond est proche de zéro. A part boire en pleine mission (et réussir à viser parfaitement, parce que James Bond est immunisé contre le whisky, comme tous les alcooliques anglais) et se taper tout ce qui a une paire de seins, il fait pas grand chose. C'était le but d'en faire un gros cliché pas intéressant ? Pas attachant ? Un effet de style, un regard ironique sur le personnage ? Je vais arrêter de vous chercher des excuses.

Je ne parlerai pas de Léa Seydoux. Je ne l'aime pas trop. Mais surtout elle avait un rôle écrit à la pisse, alors bon. Pas de sa faute. C'est aussi de cette façon que j'excuse mes deux acteurs préférés, Andy et Cricri. Parce que c'est surtout là que je voulais en venir :

LES GARS, VOUS AVIEZ HANS LANDA, MORIARTY ET VOLDEMORT DANS UN SEUL ET MEME FILM ET VOUS AVEZ PAS ETE CAPABLE DE PONDRE UN SEUL MECHANT CREDIBLE ?

A ce niveau-là, j'appelle ça du sabotage.

D'abord Waltz : Apparemment, il est censé être le Big Boss, le grand méchant, le psychopathe. Comment dire... De une, il n'a pas de but particulier. Son plan c'est de surveiller les gens parce que.... Parce que quoi ? Parce que c'est drôle ? Non franchement, j'vois pas. Ensuite, il est censé être le frère adoptif de Bond. C'était quand même un filon exploitable, le frère maudit, Abel et Caïn, Romulus et Remus, c'est pas les récits de fraternité trahie qui manquent ! Y'avait moyen de faire quelque chose de beau, une relation un peu ambiguë avec Bond, des souvenirs douloureux, des remords, JE SAIS PAS JE VAIS PAS ECRIRE LE FILM A VOTRE PLACE ! Mais non, ce côté du méchant n'est pas du tout exploité. Troisièmement, j'imagine qu'ils ont voulu lui donner une personnalité mielleuse, faux gentil, un peu dérangé, violent mais poli, sur le modèle d'Hans Landa, par exemple. C'est juste bâclé et niqué : il a l'air ni gentil, ni classe, ni inquiétant, ni fou. Juste un peu con - il aime les météorites et il en est fier (moyen de gagner 5 minutes de film ?) - et ridicule - COUCOU ! (les vrais savent). En plus, il est IMPUISSANT : je vous supplie de ne pas vous infliger la scène où il essaye de faire des trous dans le cerveau de James Bond, parce que je crois qu'elle mérite de siéger parmi les plus gros étrons de l'histoire du cinéma. Je vais m'arrêter là, parce que ça me fait de la peine de voir Waltz piétiné comme ça, et j'ai pas envie de l'enfoncer. Dieu, pardonne-lui cette erreur. J'espère qu'il a au moins touché masse de blé.

Andrew Scott : il joue le larbin de Waltz - je vous laisse imaginer, le larbin d'un nullard, son rôle s'annonce pas brillant. Evidemment l'acteur reste très bon, adorable, génial, mais il a un personnage tellement creux et univoque qu'il n'a pas beaucoup d'intérêt. C'est juste un type pas gentil qui se fait lourdement passer pour un gentil (avec une subtilité digne des twists de Hunger Games ou du Labyrinthe) et qui s'avère ne pas être un gentil. Wa la la. Non, vraiment, je n'ai rien à dire de plus.

Voldemort tire un peu son épingle du jeu avec son interprétation de M qui n'est pas trop mauvaise. C'est à peu près le seul personnage sensé de ce film, le seul que t'as pas trop envie de noyer dans la Tamise.

Je crois que c'est tout ce que je voulais dire. Je n'ai qu'une chose à vous demander : pour le bien de Christoph Waltz et Andrew Scott, n'allez pas voir ce film. Ou sinon oubliez-le. Vite.