Il est difficile de parler honnêtement de 10 Cloverfield Lane sans dévoiler quelques-uns de ses points cruciaux. Disons qu'il a eu une promotion intelligente qui a pleinement joué en sa faveur. Sortir une bande-annonce de nulle part pour révéler enfin le projet au grand jour, tout en l'annonçant comme "successeur spirituel" de Cloverfield ; il y avait de quoi intriguer. Surtout que les trailers permettaient déjà d'influencer et titiller la pensée du spectateur quant aux questionnements qui maintiennent le long-métrage : qu'y a-t-il à la surface, et le personnage de John Goodman (Howard) n'a-t-il vraiment que des bonnes intentions ?


Similaire à un des récits de Métal Hurlant, le pitch de départ joue plutôt bien sur l'aspect huis-clos, pendant une grande partie du film. Ainsi, Michelle se retrouve enfermée dans un bunker sous-terrain, en compagnie d'Emmett, eux deux sous le joug du plus inquiétant et imposant Howard qui leur assure que la surface est dangereuse et qu'il les a sauvés. S'installe alors une certaine tension entre les personnages. Michelle et Emmett sont contraints de le croire, mais désireux de trouver leurs propres réponses, tandis qu'Howard prend des précautions toutes particulières pour s'assurer que cette petite "famille" qu'il a rassemblée perdure à jamais.


Si l'idée de départ de 10 Cloverfield Lane est efficace, notamment dans cet entretien du mystère et du malaise envers le spectateur, l'exécution se montre parfois maladroite et est révélatrice d'un scénario basique auquel se sont rajoutées diverses idées en cours de route. Cela se traduit notamment, à l'écran, par quelques longueurs, et surtout des scènes dialoguées superflues qui font que la tension malsaine du huis-clos met un peu de temps à prendre. Heureusement qu'il y a quelques passages fiévreux pour raviver la nervosité du spectateur. L'écriture des personnages n'est pas, non plus, très adroite, principalement dans leurs actions, illogiques ou caricaturales.


Dans son film, Dan Trachtenberg préfère ainsi surprendre que garder une consistance. Et c'est là que le lien avec Cloverfield est sensé entrer en jeu : au moment où il nous emmène à la surface. Ce qui aurait pu être une habile histoire de suggestion pour alimenter parfaitement les questionnements qui font le ciment de l’œuvre, est finalement traité avec une grossièreté déconcertante. Quelques minutes d'action précipitées et complètement incongrues qui donnent alors l'impression d'être face à un bout de film totalement différent, digne de La Guerre des Mondes, Battle: Los Angeles ou même Skyline, et surtout bien loin d'être exclusif au monstre de 2008, comme il l'a été tant vendu. C'est donc un long-métrage chaotique qui nous est présenté, à la fois pour son ambiance par moment réussie de fin du monde, mais aussi pour sa construction hétérogène qui trimballe le spectateur entre les scènes, sous couvert de suspense.

AntoineRA
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le 23 mars 2016

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