Je n'étais pas chaud pour aller voir ce film. Donc, un peu à reculons, contraint de satisfaire un coeur convaincu, c'était parti pour plus de deux heures en salle obscure à craindre la probable dernière purge cannoise.
120 Battements Par Minutes focalise sur le combat collectif de militants du triangle rose, le logo d'Act Up, avec en premier plan quelques personnages comme Sean, interprété par le jeune Nahuel Pérez Biscayart déjà remarqué par sa belle prestation mimique joliment expressive dans Au-Revoir Là-Haut réalisé par Albert Dupontel. Sean mène une lutte personnelle contre la maladie émergée à l'époque, le SIDA, en participant à des actions ciblées avec ses compagnons de combat contre quelques lobbies, principalement une entreprise pharmaceutique qui semble impuissante et qui sert de bouc émissaire à des infectés en colère.
Entre manifestations et fiestas dans une boîte de nuit sur fond de musique techno, on assiste à des assemblées où des dissensions commencent à apparaître entre des militants plus raisonnés et d'autres, de potentiels khmers roses en devenir à cause de certains comportements tête-à-claque. On peut comprendre de ces derniers, comme Sean, qu'a rencontré Nathan (Arnaud Valois), dans l'urgence d'un remède à trouver conjuguée à la colère provoquée par une injustice d'une société accusée. Faut-il confondre urgence et précipitation ?
Imbriquées entre les séquences successives, les scènes montrant les moments intimes de deux militants qui ont fait connaissance, entre des confidences et un désir de vivre qui se manifeste souvent par le désir sexuel en outrepassant quelques mesures d'hygiène, finissent par faire réagir entre gêne et agacement, comme si le film cherchait à insister en des plans rapprochés sur ce qui devient ou est considéré progressivement à de la fringale de sexe avec ces petits bruits des baisers humides (même venus d'un couple hétérosexuel ailleurs, ça aurait eu le même effet de me gonfler tout de suite), jusqu'à la veillée funèbre. Comme pour montrer que la force de l'amour a besoin de contrebalancer l'atmosphère pesante de la mort, même après l'acte compassionnel de mettre fin à la souffrance au bout d'une aiguille létale dans une veine où se coulisse le mal incurable. Il est avouable que l'envie d'en gifler deux à cause de leur attitude à la toute fin vient à l'esprit, scène susceptible de donner une image peu reluisante des homosexuels pouvant être vus comme des obsédés impulsifs, avant de passer au générique final sans aucune musique, dans un silence massif relaté à une atmosphère de mort que l'on a reniflée de plein nez, bien ressentie dans les derniers instants.
J'ai vu 120 Battements Par Minute. J'ai trouvé ça long. Question de goût, question de moeurs, mais ce qu'il ne faut point oublier est que le SIDA tue, à petit feu. Ce film, même s'il peut finir par irriter par un militantisme orienté ressenti à tort ou à raison, en fait un triste rappel.
PS : Dans un autre contexte, Philadelphia a plus ému.
p'tites modifications le 28 octobre 2020