Ce matin encore, je pensais à ce film, deux ans après mon seul et unique visionnage. Seul dans mon lit, la tête dans l'oreiller, une scène d'amour m'est soudainement revenue et j'ai pleuré, ému par la beauté de celle-ci.


120 battements par minute, c'est un film qui marque au fer rouge ; mais ne vous méprenez pas, jamais il n'utilise de pathos inutile, il montre simplement la réalité des faits d'une manière très crue et pourtant grandiose : c'est ce mélange entre la dureté, la douceur et le grandiose qui rend le film si touchant et remarquable.
Tout d'abord, ce film, en nous montrant la réalité insoutenable de l'époque est empreint d'une rage qui pousse à hurler et à militer ; l'injustice que les protagonistes ressentent nous est transmise de manière intacte : en sortant du film on a ce sentiment d'injustice dans la peau, et il ne part pas. Cependant cette rage n'est pas une rage bête ou une rage de vengeance, c'est une grandiose rage de vivre (je pense notamment à la scène dont l'affiche est tirée, une scène extrêmement vivante par ses actions, ses couleurs...) : en effet, tous ces gens militent et se battent contre un système simplement pour vivre.


Mais au milieu de ce monde chaotique et (presque) dystopique, il y a de la douceur.
En effet, la rage du film est compensée par la douceur et la beauté des scènes : ce film est incroyablement beau, que ce soit dans ses plans, ses acteurs ou même ses propos, ce qui rend le film plaisant à voir malgré son sujet si dur. Chaque scène est traitée avec une subtilité infinie - j'ai très rarement vu des scènes d'amour aussi "vraies" et honnêtes -, et le film transmet tout aussi bien la rage des malades atteints du sida qui ne demandent qu'à vivre, la tragédie de cette maladie sans retour et la douceur infinie d'un amour que l'on sait bientôt fini. Voir 120 battements par minute, c'est voir des purs instants de vie, authentiques dans ce qu'ils expriment, moraux ou non : c'est une invitation à entrer, un instant, dans ce monde de l'époque.


Oui, c'est un film qui m'a pris et secoué dans tous les sens, et je n'ai pas vraiment de "relation amicale" avec lui : il est le chasseur et je suis le renard, il me poursuit partout et pourtant je l'aime d'un amour invétéré, pour sa douceur et sa colère, sa subtilité et ses cris de rage, son hommage magnifique aux morts du sida et sa force de vie qu'étrangement il me transmet.


C'est un film qui n'est pas parti de moi, et qui restera sans doute un bon bout de temps encore dans ma mémoire et mon cœur.
Alors quelques fois, je me lèverai le matin et je pleurerai en y pensant ; mais pour rien au monde je ne changerais ça.

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le 3 nov. 2020

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PuduKazooiste

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