C’est indéniable Steve McQueen est un artisan du détail, de la perfection, de la belle image, du plan parfait, du jeu brillant, de la musique puissante, de la mise en scène sobre mais intelligente.

Tout ! Vraiment tout est étudié, tout est mesuré, tout doit concorder pour apporter sans doute pour moi le meilleur film de Steve McQueen, ainsi que le film le plus fort depuis bien longtemps.

Pour son troisième film SMQ a décidé d’adapter un livre retraçant la vie d’un homme libre qui a était enlevé puis vendu en tant qu’esclave, comme vous avez du comprendre le titre, en effet il est resté esclave pendant 12 ans. Salomon Northup a vécu des choses impardonnables et horribles, et c'est là où l'histoire devient intéressante, on ne traite pas de la vie d'esclave (si on appelle ça une vie) mais du passage de la vie libre au monde de l'esclavage. Et alors qu’en regardant la bande-annonce on pourrait s’attendre à un film d’aventure-dramatique où on nous raconte tout son parcours avec des péripéties, des hauts des bas, de nouveaux personnages il se passe un truc rendant le film tout à fait différent.

En effet, nous avons affaire à un vrai maître de la narration, car oui il y a des péripéties, des hauts et des bas, des moments qui prennent aux tripes, puis qui soulagent, qui glacent le sang, qui nous font limite fermer les yeux, oui il y a de nouveaux personnages, donc en effet il y a une vrai narration mais celle-ci est traité de manière parfaite en tout point, je le redis, cette narration est parfaite !

Cependant SMQ nous raconte plus qu’une histoire c’est immanquable, l’histoire par moment passe au seconde plan, et cet artisan du détail veut nous faire rentrer dans son film, pas dans Salomon ou dans les personnages, pas dans les lieux, pas dans les dialogues, mais encore plus profonds. Je me souviens de ce plan où on fixe Platt alias Salomon pendant 20 voire 30 secondes. On se demande alors que veut nous montrer Steve, des traces sur son visage ? Non il n’y en pas, alors il veut recentrer ce plan pour qu’on n’oublie pas que c’est l’histoire de Salomon ? Oui et non, en réalité ces plans sont à double tranchant, d’une part ils nous disent regarde bien, ne lâche pas ce regard, et c’est là, à ce moment précis que d'une autre part quand on fixe ces yeux vide, sans espoirs, affamé de liberté, terrassé par la cruauté, perdu dans un monde qui leur échappe, et alors qu'on a beau trouver de l’apaisement dans ces plans ceux-ci sont là pour nous enfoncer dans notre fauteuil.

SMQ nous peint des tableaux, ce film devient un musée à lui tout seul. C’est comme si on allait au musée et qu’on choisissait la partie anthropologie, esclavage et paysage de Géorgie. C’est une fresque vivante ! Je ne veux pas vous spoiler donc j’en dirais pas plus excepter qu’il y a un plan d’environ une minute qui nous bouge pas, où vous saurez alors que c’est plus qu’une histoire. Vous comprendrez que vous êtes invité à ressentir des émotions, celles de Salomon, que si vous êtes venus voir ce film c’est pour le vivre, le sentir, trembler, et frémir.

Je ne peux passer un point qui me parait plus qu’important et qui confirme le talent magistral de Steve, c’est bien évidement la direction artistique. Tous sont bons, voire très bons, les acteurs jouent parfaitement bien, pas d’exception. Cependant deux acteurs sortent du lot. Michael Fassbender m’a fasciné mais son personnage me l’a fait détester. Il est brillant tout en étant effrayant, juste mais angoissant, hallucinant et toujours oppressant. C’est pour moi la prestation de l’année, il est au-dessus de tous ses rôles. Face à lui nous retrouvons notre héros, Chiwetel Ejiofor, qui surpassent tous les personnages dramatiques que j’ai pu voir, il est nettement au-dessus, il nous fait pas du pathos, il nous fait pas le héros viril et fort qui ne souffre jamais. C’est tout ça mais plus subtile avec de la vraie émotion, du vrai ressenti, de vrais dialogues. Une justesse dans son interprétation qui m’a fait planer tellement j’étais dans le film

Donc maintenant à vous de juger ! Mais âmes sensibles s’abstenir !
Capa
9
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le 25 janv. 2014

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Capa

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