Syndrôme Oscar sans doute, mais j'ai finalement trouvé ce film atrocement consensuel. Consensuel dans sa représentation de l'horreur, consensuel dans sa façon de n'utiliser ses protagonistes que pour enfoncer le clou d'un message un brin neuneu, pas tant dans son fond (oui l'esclavage était une ignominie, on est dans une lapalissade absolue) que dans son utilisation. L'abominable est plus fort que le reste, et écrase tout : personnages, intrigue, dialogues. On est là pour souffrir, et la scène finale ne fait que renforcer l'impression que j'ai eue un de subir une sorte de pénitence masochiste sans réel message. Je n'évoque même pas le péché originel du film, qui semble nous dire que l'histoire de Solomon Northup est atroce non pas tellement parce qu'il est esclave, mais parce qu'il a été libre un jour.


Tout ça est joliment filmé, professionnellement interprété (même si Pitt & Cumberbatch sont de grosses fausses notes en ce qui me concerne), mais, comme dans tous les films de McQueen que j'ai vus, il n'y a rien à en tirer. Une progression dramatique anémique, aucun sens du rythme (vous avez senti les 12 ans passer, vous, en toute sincérité ?), et une accumulation de money shots qui viennent te mettre la grosse main poilue sur l'épaule pour bien te montrer, fils, que c'était quand même pas de la rigolade. Torrents de larmes finaux compris, au cas où ça t'aurais échappé.


Oui, c'est affreux, c'est atroce, oulala.


A choisir, et au risque de paraître provoc' une fois de plus, je crois que j'ai préféré la bonne humeur revancharde et jouissive du Django de Tarantino, qui au moins envoyait ces enculés d'esclavagistes là où ils méritaient d'être, avec 12 balles dans le buffet. C'était certes franchement con et atrophié du bulbe, mais au moins y ai-je ressenti quelque chose. Comme quoi, on peut maîtriser son sujet, mais n'avoir rien à dire.

Prodigy
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le 22 mai 2014

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le 22 mai 2014

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