Après deux bijoux de cinéma Hunger et Shame, Steve McQueen revient pour un troisième film tout aussi aboutit et puissant. Le film traite de l'histoire incroyable, vraie et monstrueuse de Solomon Northup et McQueen en plus de livré un récit poignant sur ces sombres années continue à développer les thèmes qui lui son chère comme la dégradation du corps et de la mise à l'épreuve de l'esprit. Il y a vraiment une filiation très proche avec sa filmographie dans cette histoire que lui seul pouvais lui rendre justice comme il le fait, il évite le manichéisme autant que possible, il ne se pose pas en moralisateur et il ne traite pas son sujet de façon académique, il s'évertue simplement à retranscrire l'horreur qui à été vécu par ses hommes et femmes qui ont été victime d'esclavage mais en y mettant une émotion et une âpreté qui nous met face à la condition humaine dans ces plus bas aspects et c'est nous spectateur qui nous posons en moralisateurs et qui nous nous blâmons pour les crimes qui ont été commis dans le passé. On est totalement immergés dans l'histoire et on assiste impuissant à l'injustice et la monstruosité des actes commis, on passe par les mêmes processus que le personnage principal. Chaque coups de fouet est un supplice autant pour les personnages que pour nous, les personnages sont totalement déshumanisé, comme Solomon à qui on le prive de sa famille, de son nom et de sa liberté. Il est d'ailleurs terrifiant de voir qu'une grande part de la déshumanisation ce fait aussi par le personnage principal au point qu'il se sente parfois responsable de son sort ( lorsqu'il demande pardon à sa famille ) mais il est aussi intéressant de voir que parfois Solomon n'est pas aussi admirable qu'on le pense notamment au début lorsqu'il croise un esclave dans une boutique et qu'il se souci moins de sa condition que du prix de la robe de sa femme ou encore lorsqu'il abandonne sans ce retourner son amie au prix de sa liberté. C'est la que l'on voit que le film ne cède pas au manichéisme car chaque personnage est ambivalent comme le premier esclavagiste qui achètera Solomon, ce n'est pas un homme mauvais dans le fond mais il exploitera sans scrupules ces esclaves. Le sujet est donc clairement la condition humaine qui peu à la fois être bonne mais aussi être cruel. En soit le personnage de Epps, le second esclavagiste est sans aucun doute le personnage le plus déshumanisé du récit, il est impitoyable, cruel et terrifiant mais pourtant il éprouvera une obsession maladive pour une de ses esclaves qui rend cet homme imprévisible et fascinant car à de rares occasions il pourra faire preuve "d'humanité" avec une scène furtive ou il se montre paternel, tendre et affectueux avec une enfant noir qu'il porte dans ses bras et celle-ci ravi ne semble pas ce rendre compte du genre d'individu avec lequel elle rigole et s'amuse, ce qu'il semble montrer que cet homme était aussi capable de bonté comme des pires atrocités. Il y a aussi une dénaturation de la religion car les trois passages de la bibles qui sont lu sont parallèlement dit avec une femme qui pleure la perte des ses enfants, un chant raciste et une ode à la torture. Le traitement de ce sujet est donc intéressant et soulève une question intéressante comment ces êtres humains qui ont été maltraité et humilier peuvent-ils encore croire et se tourner vers dieu ? Alors que malgré tout Solomon n'obtiendra jamais justice et que les circonstances de sa mort son pour le moins floue et cache de véritable zones d'ombres. Le sujet est donc incroyablement dur et émouvant, il y a de vrais émotions dans ce film qui à été fait avec respect par des gens concernés. Le casting tout d'abord est parfait même dans les plus petits rôles mais ont retiendra surtout un Benedict Cumberbatch très juste, une jeune actrice sensationnel à suivre de très près la talentueuse Lupita Nyong'o mais les deux monuments du film sont clairement Chiwetel Ejiofor qui livre une performance poignante et sensible, et Michael Fassbender qui est totalement habité et qui livre une prestation remarquable qui arrive par moment à faire jaillir un éclair d'humanité grâce à la subtilité de son jeu . Ils n'ont clairement pas volé leurs nominations aux oscars. Sinon la réalisation de McQueen est brutale et sans concessions, il nous montre les pires horreurs sans détourner le regard comme cette scène effroyable d'une demi-pendaison filmé en plan séquence fixe pendant quelques minutes ou des enfants joue autour du pendu ce qui créer un décalage malsain, cette scène est limite insoutenable. Steve McQueen sait exactement comment faire durer ses scènes pour que celles-ci soient difficile à regarder comme les scènes de coups de fouets en particulier la dernière qui atteint un paroxysme de violence et de fureur. Sa mise en scène est donc vraiment ingénieuse et sert le sujet à merveille certains plans d'une beauté onirique tranche avec le violence du propos ce qui instaure une ambiance poisseuse et hypnotique soutenu par un montage parfait et fluide qui évite la linéarité. Mais parfois en raison de son montage on n'a pas l'impression que douze années ce sont passer et autre petit défaut la musique est bien trop pompeuse. Mais hormis ces deux petits défauts il ne fait aucun doute qu'on a affaire au premier chef d'oeuvre de 2014, un film sombre, violent et brutal qui pose un constat désespéré de l'homme. C'est aussi un film profondément humain et émouvant qui insinue l'espoir de jour meilleur mais malheureusement le racisme existe toujours aujourd'hui malgré les erreurs que cela à commis dans le passé. En conclusion Steve McQueen prouve que c'est un grand cinéaste, qui continue à explorer sa vision d'auteur avec succès et son 12 Years A Slave est la troisième réussite d'une filmographie courte mais parfaite qui à encore de belles heures devant elle et le succès aux oscars est presque assuré.
Frédéric_Perrinot
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le 8 août 2014

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