12 Years a Slave - Allez en esclavage. Ne passez pas par la case départ. Ne touchez pas 20 000 franc

Gros succès critique, Steeve McQueen a la direction, et Magneto qui joue dedans, moi je dis : ça vaut le coup ! En plus avec la polémique du 20 minutes qui avait titré "un film coup de fouet" il fallait absolument que je comprenne pourquoi des gens ont grincé des dents a cause d'une tranche d'humour noir.

Le pitch (dans ta potche) rapidement :
Dans l'Amérique juste avant la guerre de sécession, les états du nord, plus riches, ont aboli l'esclavage. Ceux du Sud en revanche ne comptent pas se séparer d'une main d'œuvre esclave non syndiquée pour leurs plantations.
Solomon Northup, un violoniste noir libre de NY se fait kidnapper a Washington pour être revendu dans le sud. Il passera 12 ans entre les mains plus ou moins diaboliques de ses maîtres. Telle est son histoire (vraie).

Bon, l'esclavage c'est pas vraiment un thème nouveau et un certain Django est déjà passé pour nous ressortir le sujet avec le traditionnel lifting pop dépoussiérant de Tarantino par dessus le marché. Dernièrement en France on avait également Case Départ qui nous avait tourné l'esclavage en dérision (avec sa grosse bite) pour dire que finalement : l'esclavage c'était mal.
Rien de tout ça ici (a part le message) ! le ton est très (très) sérieux et après un openning sur un flashforward un peu useless, on monte sans trop s'en douter a bord d'un film crescendo. En effet, le chapitrage habile et discret (avec des plans contemplatifs souvent accompagnés de chants ou des lectures bibliques) nous fait nous enfoncer progressivement dans l'horreur que vit le protagoniste.
Ces scènes chapitre (le chant entraînant de l'intendant [le mec de Prisoners], le négro spiritual chanté avec de plus en plus de sentiments, la pendaison époustouflante, la rencontre avec les indiens [influençant le style musical des esclaves noirs et dévoilant une face cachée de la culture des USA], les messes,...), souvent associées a des ellipses temporelles, sont autant de paliers dans la lente descente aux enfers du héros qui vous fera faire "gloups" tout en vous affaissant dans votre siège de cinéma.
C'est d'ailleurs la toute la force du film : il nous fait vivre la vie d'esclaves qui, peu importent leur comportement et leur stratégie (docile, revolté, travailleur, inefficace, "savant" ou non), auront toujours le même traitement sadique et injuste des négriers les plus abjects. Aucune issue n'est possible; la souffrance est toujours à la clé : que ce soient des coups de bâton, la mort, le fouet, une bouteille de scotch balancée en travers de laggle ou même l'affreuse besogne de devoir faire souffrir ses propres amis.
Les scènes de coup de fouet sont incroyablement dures et réalistes. Sponsorisées par Charal et ses steak hachés bien saignants, elles vous feront relever votre dos du dossier plusieurs fois pour vous gratter le deltoïde, frissonnant. La scène de la semi-pendaison est également incroyablement puissante : cadre magnifiquement proportionné (la puissance du 16:9) , son (la boue), longueur et décor imperturbable... Bref un des points d'orgue du film.

Les acteurs sont tous excellents, avec mention spéciale pour un Michael Fassbender aussi bon que machiavélique; il concentre en lui (et avec sa femme, cette sale garce) a peu près tous les vices et il le fait avec talent. Si on doit avoir une personnification de l'esclavage : là voilà.
Également Chiwetel Ejiofor est très habité par son rôle et transmet ses émotions avec justesse. Beaucoup d'oignons ont d'ailleurs été coupés dans la salle lors de la scène finale...
Enfin Brad Pitt, à la production, fait une brève apparition et, même en charpentier, il a la classe. Et je ne lui en veux même pas en plus.

Bref un film scotchant et perturbant qui a su éviter le danger d'un message trop simpliste "l'esclavage : c'est mal" ou alors "tous les blancs étaient méchants avant, mais maintenant ça va" et ça c'est plutôt pas mal.
En revanche, ça confirme que les canadiens sont de vrais bisounours et qu'ils montrent toujours l'exemple. OOO CANADAAAAAA !! TERRE DE NOS AIEUUUUUX !!!

PS : à la fin il a 12 ans de plus.

Créée

le 5 sept. 2014

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Pierre dRy

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